Critique de Mon ami robot

© Arcadia Motion Pictures, Lokiz Films, Noodles Production, Les Films du Worso
Un film de
Pablo Berger
Sortie
27 décembre 2023
Diffusion
Cinéma

FESTIVAL DE CANNES 2023 – Un temps pressenti en sélection avec son premier film Blancanieves, Pablo Berger la rejoint enfin avec Mon ami robot, conte d’animation sur un chien solitaire dans un New York peuplé de congénères animaux. Dépourvue de tout parole, cette histoire un temps légère s’engouffre rapidement dans les méandres de l’amitié, de sa naissance à sa fin, traitant avec douceur et frontalité de nos relations contemporaines.

Dog vit à Manhattan. Un jour, pour échapper à la solitude, il décide de commander un robot. Ils deviennent alors les meilleurs amis du monde ! Inséparables, ils profitent des joies de New York et décident par une belle journée d’été d’aller à la plage. Mais après la joie de la baignade, Robot est tout rouillé et complètement paralysé ! Dog ne sait pas quoi faire et doit se résoudre à l’abandonner. Alors que les saisons passent, Dog essaie de trouver de nouveaux amis, tandis que Robot n’a d’autre choix que de rêver. Une histoire sur l’amitié, son importance, et sa fragilité.

Adaptation de la bande-dessinée pour enfant du même nom de Sara Varon, autrice de nombreux phénomènes de librairie, Mon ami robot convoque un héritage chargé que Pablo Berger transforme haut la main. Fort d’une démarche aussi respectueuse du médium que de l’importance certaine apportée à son équipe, dirigée artistiquement par Benoît Feroumont. Un nom bien connu de la bande dessinée dont le travail sur Les Triplettes de Belleville n’est pas étranger à la tâche qui lui est confiée ici, jusqu’aux références évidentes au début du film.

Les androïdes rêvent de moutons électriques

Berger dépasse les frontières du récit pour capter l’universalité des fables jeunesse. Il encapsule et se réapproprie les références du genre : on pense évidemment au studio Ghibli dont le trait simple des personnages est propulsé dans des décors complexes aux détails infinis. D’une mise en image sublime d’un New York transformé en personnage, Mon ami robot se déploie alors en buddy movie aussi inattendu que rafraîchissant. Il suffit de quelques minutes pour tomber sous le charme de ce Dog terriblement seul, à la recherche de repères dans un monde beaucoup trop foisonnant pour lui.

Si on a connu plus subtile approche sur l’isolement et la dépression, la douceur de l’amitié qui va alors naître sous nos yeux rend le moindre cynisme superflu, à condition de se laisser porter par l’ingénuité du récit. Témoignage du temps qui passe, la réalisation de Pablo Berger tend vers une mélancolie aussi créative que résiliente. A l’image de ses personnages, qui nous questionnent sur l’importance de l’amitié dans un monde qui pousse dans l’individualisme même au sein de nos relations. On comprend alors assez vite que de la promesse « Jeunesse » va naître un film à l’approche aussi poétique que philosophique, à l’image d’un Kitano des grands films.

Film à la poésie folle, Mon ami robot est un véritable bijou d’inventivité et de tendresse sur l’amitié de sa genèse à sa déliquescence, aux occasions manquées et une ode aux rencontres. Pablo Berger réussit à toucher en plein cœur en captant l’essence même de l’amitié à travers ses moments de vie aussi simples qu’universels.

4

Latest Reviews