Comment mieux débuter 2022 qu’en acceptant l’incroyable année de merde que nous venons collectivement de passer ? Une année marquée par de nouvelles fermetures, une crise sanitaire et sociale qui ne faiblit pas et des signaux qui ne prêtent pas à l’optimisme. Malgré tout, le cinéma est toujours là. Et avec lui notre envie de s’échapper pour se retrouver. Dans un scénario alambiqué, sorte de mauvais remake de Un jour sans fin, les salles ont connu une année de reprise sauvée in extremis par un Spider-Man : No Way Home qui se satisfait bien de ce nouveau rôle de messie face à un bilan en demi-teinte des plateformes de SVoD.
Ce qui nous pousse, la rédaction incarnée dans ce texte introductif, au bilan. Un bilan pas toujours représentatif tant l’année a certains airs de mirage pour nous, qui avons eu la chance de fouler à nouveau le tapis du Festival de Cannes. Une édition qui illustre finalement assez bien ce que nous venons de traverser, incroyablement dense et fournie en films français, mais plus décevante lorsque l’on se tourne vers le divertissement outre-Atlantique. Alors, pour clôturer 2021, tournons nous vers ces films qui, une fois n’est pas coutume, ont fait l’unanimité au sein de la rédaction.
- Le top de la rédaction
- Le top de Quentin Le Gohic
- Le top de Azucena Lozano Denis
- Le top de Baptiste Duminil
- Le top de Mathieu Zorrilla
- Le top de Lucas Coustillas
- Le top de Camille Sayah
À l’aube d’une année qui s’annonce tout aussi mouvementée, n’oublions pas ces propositions et l’importance d’une culture libre, fougueuse et créatrice. Rien n’est jamais acquis et le cinéma est plus que jamais en danger : incarnons collectivement cette défense pour continuer à être bouleversés, à travers une toile ou un écran.
Le top de la rédaction
10. Titane
Titane a déjà fait couler beaucoup d’encre, et pourtant tout est loin d’avoir été dit. Véritable pinacle de subversion sans limite et pourtant hautement artistique… C’est la consécration de Julia Ducournau comme une réalisatrice de genre fascinante et sans pitié. Aucun autre film cette année n’est allé toucher les spectateurs aussi profondément dans leurs tripes. Viscéral, brut, punk, méchant et en même temps foncièrement honnête… Titane a tout pour déplaire ou fasciner et restera à coup sûr dans nos mémoires.
9. Dune
Denis Villeneuve rejoint la liste des aventuriers cinématographiques à se risquer sur Arakis. Adapter Dune a toujours été considéré comme une tâche insurmontable… Et pourtant, quel film ! Le film est un immense blockbuster contemplatif à l’ambiance légendaire, fort du génie de l’histoire originale de Frank Herbert. C’est dans son univers visuel parfaitement construit, toujours impressionnant, inquiétant, mystique et gigantesque que Dune trouve sa beauté.
8. West Side Story
Qui d’autre que Steven Spielberg pour s’attaquer à l’une des plus grandes comédies musicales de tous les temps ? Bien que fidèle au produit d’origine, cette nouvelle version de West Side Story transpire la modernité, tout en renouvelant continuellement sa mise en scène à travers des plans maîtrisés de bout en bout.
7. Bo Burnham : Inside
Le retour tant attendu du génie comique et musical américain Bo Burnham, également aperçu cette année dans le formidable Promising Young Woman. Inside est un musical hybride entre film et one man show, véritable ovni cinématographique qui repousse les limites de ces genres à l’heure d’internet. Brillant formellement, c’est également un joyau d’écriture, entre hilarité et désespoir absolu.
6. Onoda
En sublimant la dévotion de ses personnages, Onoda devient une véritable épreuve sensorielle. Le deuxième film d’Arthur Harari est un immense exploit immersif sur la quête de l’impossible et l’immatérialité de l’ennemi. Paranoïa, obsession et loyauté font de ce film une merveille à visionner sans modération.
5. Gagarine
Gagarine parle aux citadins. À ceux qui ont grandi sous le béton et les lampadaires. Et plutôt que d’ajouter à la masse des clichés sur la banlieue, il lui déclare son amour. Gagarine fait l’éloge de la solidarité en communauté et expose la beauté dans la ville à travers les yeux de son personnage rêveur et rebelle à sa manière. C’est un film charmant absolument unique, débordant de poésie et de tendresse à la beauté étrange.
4. Le Dernier Duel
Une affaire judiciaire divisée par un effet rashōmon qui, bien que maintes fois vu au cinéma, est mis en valeur par la qualité du scénario et des prestations du casting, Jodie Comer en tête. Au cœur de l’étau des violences masculines, le long-métrage de Ridley Scott tire sa force en rappelant que toute ressemblance avec des faits réels ne serait pas purement fortuite.
3. Les Magnétiques
Impressionnant, ce tour de force l’est d’autant plus qu’il est une véritable révélation d’un auteur à son image : passionné et passionnant. Intensément rock, Les Magnétiques épate par son énergie créatrice libre et inspirée. Conte contemporain d’une époque pas si révolue, le film aborde avec brio la prise de parole et on espère que le message résonnera sur les ondes pour en inspirer d’autres après lui.
2. Le Sommet des dieux
La beauté de l’alpinisme réside dans une recherche, une quête, dénuée de toute raison où l’homme se bat autant contre la nature que contre lui même. Le Sommet des dieux prouve que ce combat peut être magnifiquement mis en image, et cela même si le matériau de base (un manga de 5 tomes) doit être condensé en un film de moins de deux heures. Patrick Imbert réussit cet exploit en captant l’essence même de cette beauté glacée, sublimée par un travail visuel splendide, accompagné d’une bande-originale envoûtante.
1. Annette
Adam Driver a survolé une année 2021 taillée pour lui, et pourtant c’est dans le rôle le plus déroutant qu’il nous offre sa plus belle performance. Sorte d’opéra baroque inclassable, Annette n’a tout simplement aucun concurrent dans sa catégorie. Œuvre de cinéma totale, le grand retour de Leos Carax puise sa puissance incroyable dans une mise en scène exceptionnelle portée par une bande-originale magistrale des Sparks. Le coup de poing final est assené dans la dernière scène du film, sûrement la plus belle de l’année.
Le top de Quentin Le Gohic
10. First Cow
Réalisatrice majeure de ce qu’il reste d’un véritable cinéma indépendant américain, Kelly Reichardt nous offre l’un des plus beaux films de l’année dans cette histoire d’amitié et de gâteaux en pleine conquête de l’Ouest et balbutiement du capitalisme contemporain. Sous le même regard singulier qui a fait la force de son autrice, First Cow déploie son rythme lent et sa beauté plastique qui marque la rétine et réchauffe le cœur.
9. Le Sommet des dieux
La beauté de l’alpinisme réside dans une recherche, une quête, dénuée de toute raison où l’homme se bat autant contre la nature que contre lui même. Le Sommet des dieux prouve que ce combat peut être magnifiquement mis en image, et cela même si le matériau de base (un manga de 5 tomes) doit être condensé en un film de moins de deux heures. Patrick Imbert réussit cet exploit en captant l’essence même de cette beauté glacée, sublimée par un travail visuel splendide, accompagné d’une bande-originale envoûtante.
8. Le Dernier Duel
Pandémie ou non, cette année 2021 est marquée par un regain de vigueur de réalisateurs que l’on pensait sur la descendante. Parmi eux : Ridley Scott, 84 ans, vient remettre les pendules à l’heure avec son thriller juridique et historique au sujet plus actuel que jamais. Avec une construction particulièrement simple, et donc efficace, Le Dernier Duel aborde avec intelligence et subtilité l’agression sexuelle en tant que système. Jodie Comer y est incroyable.
7. Illusions Perdues
Fresque historique et sociale à l’envergure incroyable, Illusions Perdues incarne un cinéma de l’efficacité où tout est est maitrisé, peut être même un peu trop, et permet au texte de Balzac de prendre toute sa splendeur. De son merveilleux casting, le film tire des performances tout en nuance où chaque personnage prend vie sous les traits de son interprète. On en sort presque frustré car à un grain de folie près, le film de Xavier Giannoli aurait atteint le panthéon du cinéma français.
6. Gagarine
La banlieue, qu’elle soit prise sous le prisme social ou purement architectural, a toujours inspiré le cinéma français. Mais on y retrouve surtout un regard anthropologique déplacé, lié à un manque désastreux de représentation. Pourtant, à valeur d’exception, Gagarine existe. Gagarine qui traite la cité comme jamais auparavant, sous son aspect social qui en est évidemment indissociable, mais en allant beaucoup plus loin. Dans son récit très Spiebergien se cache une très belle histoire d’amour pour des personnages qui existent bien plus loin qu’une simple posture.
5. Les Magnétiques
Impressionnant, ce tour de force l’est d’autant plus qu’il est une véritable révélation d’un auteur à son image : passionné et passionnant. Intensément rock, Les Magnétiques épate par son énergie créatrice libre et inspirée. Conte contemporain d’une époque pas si révolue, le film aborde avec brio la prise de parole et on espère que le message résonnera sur les ondes pour en inspirer d’autres après lui.
4. Wendy
Adaptation résolument humaine et moderne de Peter Pan, Wendy sublime l’enfance à travers l’univers et la vision unique de son réalisateur, Benh Zeitlin. Plus qu’une simple transposition, cette nouvelle mouture vise juste dans son traitement particulièrement malin des personnages et de la magie qui traverse l’œuvre originale. Si le film peut décontenancer, il bouleversera ceux qui s’y laissent porter.
Voir notre interview du réalisateur
3. tick, tick…BOOM!
Alors que le grand public semble redécouvre le talent d’Andrew Garfield, le concerné est lui très bien parti dans la course aux Oscars avec son interprétation lumineuse de Jonathan Larson. Adapté du spectacle éponyme, tick, tick…BOOM! retrace la vie et l’œuvre de Larson, elle-même fondatrice du travail de Lin-Manuel Miranda. C’est donc empreint de cet amour qu’il réalise un film qui, malgré d’évidents ratés, transpire d’une énergie et d’une bonté folle qui transcende l’œuvre pour en faire quelque chose en de flamboyant.
2. Annette
Adam Driver a survolé une année 2021 taillée pour lui, et pourtant c’est dans le rôle le plus déroutant qu’il nous offre sa plus belle performance. Sorte d’opéra baroque inclassable, Annette n’a tout simplement aucun concurrent dans sa catégorie. Œuvre de cinéma totale, le grand retour de Leos Carax puise sa puissance incroyable dans une mise en scène exceptionnelle portée par une bande-originale magistrale des Sparks. Le coup de poing final est assené dans la dernière scène du film, sûrement la plus belle de l’année.
1. Bo Burnham : Inside
Inclassable, un terme qui s’applique encore plus à Inside du comédien Bo Burnham. Écrit, tourné et monté seul, le film s’enfonce progressivement dans le psyché de ce véritable génie comique qui arrive en moins d’1h20 à créer d’incroyables moments iconographiques tout en restant terriblement d’actualité et pertinent. D’une gentille farce sur le confinement, le film se métamorphose en étude psychologique de la dépression et de l’impact de l’enfermement. Inside désarçonne et laisse sans voix.
Mentions spéciales : West Side Story, Dune, Onoda, À l’abordage, Sound of Metal
Le top de Azucena Lozano Denis
10. Wendy
Benh Zeitlin apporte son regard particulier dans une nouvelle adaptation à l’écran des célèbres aventures de Peter Pan. Se concentrant sur le personnage de Wendy, le conte profite de l’expertise du réalisateur pour filmer la nature dans ce qu’elle peut avoir de plus chaotique et libératrice. Et par là même, diffuse au mieux son message dans une modernisation bien nécessaire. Malgré quelques longueurs, l’ensemble profite du casting de jeunes acteurs d’une rare justesse.
Voir notre interview du réalisateur
9. Illusions Perdues
Porté par un casting de renom avec un Vincent Lacoste et un Xavier Dolan qui volent la vedette à la tête d’affiche Benjamin Voisin, Illusions Perdues est l’adaptation du célèbre roman éponyme de Balzac. Aussi démesuré que le milieu qu’il dépeint, le film est une reconstitution passionnée du XIXeme siècle au rythme effréné d’une grande modernité. Il manquera peut-être un brin de folie dans la mise en scène pour atteindre le chef d’oeuvre.
8. Summertime
Au cœur de l’été californien, des rencontres fortuites sont le prétexte d’une comédie poétique, entre prose et slam. Issu d’un atelier d’écriture dont les jeunes artistes composent le casting, le film de Carlos López Estrada est un vent de fraîcheur revigorant et politique. Bien que l’articulation des différents tableaux soit quelque peu artificielle, l’ensemble est un projet d’une grande sensibilité.
7. Les Magnétiques
Si les productions américaines nous inondent de nostalgie parfois mal placée sur les années 80, Les Magnétiques saisie ce je-ne-sais-quoi qui vire à l’expérience immersive, en pleine France mitterandienne. En suivant le basculement de la vie de Philippe entre premier amour, service militaire et radio pirate, le film propose une atmosphère unique, enivrante et mélancolique.
6. Annette
Un projet fou porté par les Sparks, une histoire d’amour dont l’ambition démesurée viendra causer la chute de ses protagonistes. Une tragédie grecque, entre comédie musicale et opéra, qui signe également le retour attendu de Leos Carax qui lui seul pouvait y insuffler une telle puissance. Une œuvre qui, si elle n’est pas exempt de défauts par sa grandiloquence, va marquer le cinéma.
5. Le Dernier Duel
Une affaire judiciaire divisée par un effet rashōmon qui, bien que maintes fois vu au cinéma, est mis en valeur par la qualité du scénario et des prestations du casting, Jodie Comer en tête. Au cœur de l’étau des violences masculines, le long-métrage de Ridley Scott tire sa force en rappelant que toute ressemblance avec des faits réels ne serait pas purement fortuite.
4. West Side Story
Projet ambitieux et redouté, mais comment ne pas faire confiance aveuglément à Steven Spielberg ? La réalisation est la qualité première de cette version du drame de Broadway, où la caméra vole entre les costumes colorés, et la photographie de Janusz Kamiński illumine les décors post-apocalyptique des quartiers en ruine et en voie de gentrification. Ariana DeBose est une véritable révélation.
3. Bo Burnham : Inside
Le retour tant attendu du génie comique et musical américain Bo Burnham, également aperçu cette année dans le formidable Promising Young Woman. Inside est un musical hybride entre film et one man show, véritable ovni cinématographique qui repousse les limites de ces genres à l’heure d’internet. Brillant formellement, c’est également un joyau d’écriture, entre hilarité et désespoir absolu.
2. Le Sommet des dieux
Une agréable surprise que l’adaptation du manga homonyme a été confiée à une équipe franco-luxembourgeoise. Le résultat est à la hauteur de l’ambition : une réalisation léchée, mettant parfaitement en lumière les paysages montagneux et la tension dramatique de cette quête impossible. La bande-originale qui accompagne le long-métrage est l’une des meilleures de cette année.
1. The Nightingale
Après le culte Mister Babadook, Jennifer Kent revient pour filmer la beauté de la Tanzanie et la violence coloniale derrière la vengeance d’une femme brisée (Aisling Franciosi, saisissante). Récit d’aventure au cœur d’une jungle inhospitalière d’une rare puissance, The Nightingale est difficilement abordable par sa violence. Mais loin d’être un défaut, c’est par la maîtrise absolue du cadre et de l’écriture de la cinéaste australienne que l’ensemble devient une oeuvre de cinéma majeure.
Mentions spéciales : tick, tick… Boom!, Dune, Les Sorcières d’Akelarre, Promising Young Woman
Le top de Baptiste Duminil
10. Bad Luck Banging or Loony Porn
Bad Luck Banging or Loony Porn c’est l’ovni exceptionnel de l’année ! Partant d’un événement terrible mais malheureusement banale, il en tire une curiosité naturaliste et tentaculaire sur la société roumaine, le sexe, la condition des femmes et les cicatrices des guerres sur le pays… C’est un film absolument inattendu qui multiplie les formes et les thèmes pour véritablement se démarquer.
9. La Fièvre de Petrov
En 2018, le réalisateur russe Kirill Serebrennikov nous avait émerveillés avec son film Leto sur le rock en URSS et la jeunesse soviétique. Ici, il nous emmène dans une déambulation malade éreintante où les tableaux mémorables et les personnages hauts en couleur se succèdent à un rythme haletant. C’est un film à l’image de son pays d’origine : chaotique, glacé, troublant et profondément marqué par son histoire et la violence omniprésente. Si Serebrennikov souffre sous le régime de Poutine, la répression ne parvient pas à brider sa créativité.
8. Illusions Perdues
Illusions Perdues tient son brio de son rythme endiablé digne de Les Affranchis. C’est l’ascension et la décadence prévisible d’un ambitieux dans la France de la Restauration. Toute la pertinence et la modernité de l’œuvre de Balzac est ici sublimée par ce film au casting impeccable qui souligne parfaitement son commentaire social. Entre grandiose, drame et homo-érotisme, il présente un regard trépidant sur la vanité, l’hypocrisie et l’information. Une grande réussite de cinéma français.
7. The Card Counter
Ce qu’annonce le titre de The Card Counter (un joueur qui compte les cartes) est finalement parfaitement anecdotique dans ce sombre drame mystérieux et inquiétant. On est accueilli par une froideur intrigante qui dévoile petit à petit une psychologie profonde et torturée. Paul Schrader étend ici sa galerie de personnages métaphoriques incarnant l’Amérique perdue (et toujours parfaitement incarnés, ici par Oscar Isaac) et continue à traiter avec intelligence des traumatismes chez les individus et dans la société. Incroyablement marquant et prenant…
6. Summertime
L’année de sa sortie, Blindspotting avait été le coup de cœur surprise qui n’avait malheureusement pas trouvé son public. Nous attendions donc avec impatience le nouveau film de Carlos López Estrada qui, indéniablement, a transformé l’essai avec cette comédie musicale collaborative jeune, ensoleillée et endiablée ! Les numéros exaltants s’enchaînent en bondissant entre les personnages bigarrés pour créer un portrait charmant de la ville. S’il n’a pas le poids politique de son précédent film, Summertime double la mise sur le charme et la virtuosité.
5. Le Sommet des dieux
Le cinéma d’animation réserve souvent de belles pépites d’inventivité malheureusement trop discrètes, et Le Sommet des dieux est clairement de celles-là. Un film d’animation français sur l’alpinisme au Japon mêlé à une enquête sur un appareil photo mystérieux… Le projet est intrigant et le résultat est un film magnifique et incroyablement sombre sur les obsessions et la confrontation des hommes à la nature. C’est en soi autant une ascension spectaculaire vers le toit du monde qu’une descente au plus profond de l’âme humaine troublée.
4. Titane
Titane a déjà fait couler beaucoup d’encre, et pourtant tout est loin d’avoir été dit. Véritable pinacle de subversion sans limite et pourtant hautement artistique… C’est la consécration de Julia Ducournau comme une réalisatrice de genre fascinante et sans pitié. Aucun autre film cette année n’est allé toucher les spectateurs aussi profondément dans leurs tripes. Viscéral, brut, punk, méchant et en même temps foncièrement honnête… Titane a tout pour déplaire ou fasciner et restera à coup sûr dans nos mémoires.
3. Gagarine
Gagarine parle aux citadins. À ceux qui ont grandi sous le béton et les lampadaires. Et plutôt que d’ajouter à la masse des clichés sur la banlieue, il lui déclare son amour. Gagarine fait l’éloge de la solidarité en communauté et expose la beauté dans la ville à travers les yeux de son personnage rêveur et rebelle à sa manière. C’est un film charmant absolument unique, débordant de poésie et de tendresse à la beauté étrange.
2. Dune
Denis Villeneuve rejoint la liste des aventuriers cinématographiques à se risquer sur Arakis. Adapter Dune a toujours été considéré comme une tâche insurmontable… Et pourtant, quel film ! Le film est un immense blockbuster contemplatif à l’ambiance légendaire, fort du génie de l’histoire originale de Frank Herbert. C’est dans son univers visuel parfaitement construit, toujours impressionnant, inquiétant, mystique et gigantesque que Dune trouve sa beauté. Que dire sinon qu’il faut vivre cette expérience par soi-même… Et que la suite, pleine d’action et de rebondissements est férocement attendue !
1. Les Magnétiques
Les Magnétiques n’était pas attendu en tête de classement, mais c’est un coup de cœur sincère. Dédié à Gilles Bertin du groupe de punk Camera Silens (décédé du VIH en 2019), c’est une ode à l’amour rock’n’roll. Débordant de passion, c’est un film à l’image de son personnage : qui peine à exprimer simplement ses sentiments bouillonnants, pris entre des personnalités solaires et qui se réfugie dans sa passion musicale. Aux magnifiques sons de Joy Division, Iggy Pop, The Undertones… Il nous parle d’amour, de dépression, de jalousie, de la famille, de timidité avec une justesse toujours touchante et une musicalité exaltante. Un petit bijou à voir à tout prix, qui consacre cette année exceptionnelle de cinéma français.
Mentions spéciales : Rouge, Sound of Metal, Crock of Gold
Le top de Mathieu Zorrilla
10. The Card Counter
Le célèbre scénariste et réalisateur Paul Schrader revient sur les écrans avec une plongée plus qu’originale au sein des casinos américains. Loin des poncifs mafieux à la Scorsese, The Card Counter nous dépeint une vendetta militaire au milieu de triches et de souvenirs douloureux. Un grand Oscar Isaac magnifie ce drame haletant.
9. First Cow
First Cow est l’exemple type d’un récit intimiste au sein d’un genre grandiose. Grâce à sa trame simple mais efficace, le film nous compte une fabuleuse histoire d’amitié et de liberté où les gâteaux ont remplacé l’or et les diamants. Un duo d’acteurs surprenant dont l’émotion dégagée sublime la beauté plastique du métrage.
8. La Main de Dieu
Après le très moyen Silvio et les Autres, Paolo Sorrentino revient à un récit beaucoup plus intime avec La Main de dieu. Une plongée remarquable dans le Naples des années 80 où la petite histoire côtoie la grande, sur fond de football et recherche sentimentale.
7. The Amusement Park
George A. Romero parvient sans grande finesse, mais avec une efficacité chirurgicale, à dresser un sombre tableau sur la condition des personnes âgées aux États-Unis. Mi-film de fiction mi-spot publicitaire, il reste fort agréable de voir cet exhumation d’un classique inédit du maître de l’horreur.
6. Il n’y aura plus de nuit
Montrer des images « interdites » n’a jamais été aussi fascinant. Grâce à ses hypnotisantes vidéos militaires, Il n’y aura plus de nuit questionne la notion d’image, de hors-champ et de regard. Comment faire confiance à nos yeux lorsque nos repères n’existent plus, là où les ténèbres ont remplacé la lumière.
5. Dune
Adapté par David Lynch et avorté par Alejandro Jodorowsky, le roman de Frank Herbert a longtemps été considéré comme inadaptable. Pourtant, le Dune de Denis Villeneuve paraît relever le défi sur son premier opus. Magnifique visuellement et au sound-design impressionnant, il s’inscrit comme un futur classique du genre.
4. Slalom
Véritable thriller en haute montagne, Slalom révolutionne la mise en scène des sports d’hiver. Le film oscille entre la virtuosité de ses scènes de descente et la froideur oppressante de sa relation toxique. Très impressionnant pour le premier film d’une réalisatrice dont la carrière est à suivre.
3. Les Sorcières d’Akelarre
Les sorcières reviennent en force au cinéma depuis quelques années et Les Sorcières d’Akelarre peut se targuer d’en être un représentant de choix. Un folklore propice aux légendes et une langue très particulière sont offerts à un quintette d’actrices tantôt sensuelles tantôt malignes. Son étude du sexisme à l’époque de l’inquisition teintée d’ésotérisme dépaysera les amateurs du genre.
2. Onoda
Magnifique quête de l’impossible et de l’immatérialité de l’ennemi, Onoda sublime la dévotion de ses personnages. Paranoïa, obsession et loyauté font de ce film une merveille à visionner sans modération.
1. Le Sommet des dieux
Vertigineux, magnifique, déroutant… Aucun adjectif ne pourrait définir l’expérience que propose Le Sommet des dieux. En adaptant un postulat assez simple, Patrick Imbert envoie son film dans les firmaments du cinéma d’animation et de montagne via une mise en scène et un dessin de haute voltige.
Mention spéciale : The Beatles : Get Back
Parvenir à ressusciter l’un des plus grands groupes de l’histoire tout en remettant en place certaines vérités est suffisamment impressionnant pour que The Beatles : Get Back soit cité. Une sensation forte agréable d’être une souris courant et zieutant les recoins d’un studio à la recherche de la création du dernier album des Beatles. Un immense moment de musique et d’émotions.
Le top de Lucas Coustillas
10. Wendy
Huit ans après le magnifique Les Bêtes du Sud sauvage, Benh Zeitlin revient avec une relecture intimiste du mythe de Peter Pan. Conte poétique à hauteur d’enfants, Wendy est un merveilleux moment de cinéma.
Voir notre interview du réalisateur
9. Le Diable n’existe pas
Grand gagnant de la Berlinale 2020, Le Diable n’existe pas puise sa force dans quatre récits distincts, et pourtant si semblables. Contournant la censure et l’oppression du gouvernement iranien, Mohammad Rasoulof nous offre un véritable manifeste contre la peine de mort, et un des plus grands films de cette année 2021.
8. Cette musique ne joue pour personne
Flirtant entre un humour grinçant et de véritables moments de poésie, Cette musique ne joue pour personne émeut et réjouit, tant de par sa mise en scène que par le talent de ses comédien·ne·s.
7. Onoda
Onoda est sûrement l’expérience cinématographique la plus éprouvante de cette année. Véritable épreuve sensorielle, le deuxième film d’Arthur Harari est un immense exploit immersif sur la vaine résistance d’un soldat se pensant abandonné par son pays.
6. Don’t Look Up : Déni cosmique
Grande fresque de notre société actuelle et du chemin qu’elle s’apprête à emprunter, le nouveau film d’Adam McKay amuse autant qu’il terrifie. L’immense satisfaction que représente Don’t Look Up repose sur sa capacité à sensibiliser sur les enjeux climatiques par l’intermédiaire d’une satire et d’une écriture finement pensée.
5. Charlie Chaplin, le génie de la liberté
Composé de nombreuses images d’archives inédites, le documentaire d’Yves Jeuland est sûrement, à ce jour, le plus bel hommage rendu à Charlot. Conté par la voix rocailleuse de Mathieu Amalric, Charlie Chaplin, le génie de la liberté sonne toujours juste et parvient même à émouvoir dans ses moments les plus personnels.
4. Le Dernier Duel
Ridley Scott nous aura offert une année 2021 bien contrastée. Décevant avec son House of Gucci, il nous aura d’abord émerveillé quelques semaines plus tôt avec Le Dernier Duel. Véritable triptyque judiciaire porté par un casting au sommet de sa forme (Jodie Comer survole les débats), Le Dernier Duel est l’un des films les plus intéressants de l’ère #MeToo.
3. La Loi de Téhéran
Décidément, le cinéma iranien aura ébloui cette année 2021. Le nouveau film de Saeed Roustayi, thriller étouffant sur l’univers carcéral, fait écho à Le Diable n’existe pas, de son confrère Mohammad Rasoulof, dans sa manière de dénoncer les vices de son propre pays. Brillant et inoubliable.
2. West Side Story
Qui d’autre que Steven Spielberg pour s’attaquer à l’une des plus grandes comédies musicales de tous les temps ? Bien que fidèle au produit d’origine, cette nouvelle version de West Side Story transpire la modernité, tout en renouvelant continuellement sa mise en scène à travers des plans maîtrisés de bout en bout.
1. Annette
Bercé par l’excentrique bande originale des Sparks, le nouveau long-métrage de Leos Carax dénote considérablement du paysage cinématographique français. Porté par un duo Cotillard / Driver au sommet de son art, Annette est la grande réussite de cette année 2021.
Mentions spéciales : Oranges Sanguines, L’Evénement, Nomadland, Bo Burnham : Inside
Le top de Camille Sayah
10. Les Olympiades
Après de grandes hésitations, le dernier né de Jacques Audiard trouve fièrement sa place dans le top. Les Olympiades tire sa force de trois histoires où trois personnages principaux s’entrechoquent dans le quartier du même nom, le tout signé d’un noir et blanc esthétique. La peur du drama prétentieux disparaît dès les premières minutes et nous laisse apprécier ces aventures qui se mêlent brillamment, entre amour et déception.
9. ADN
Maïwenn raconte un sujet qui lui tient à cœur, mettant en avant ses origines du côté de son grand-père. Émouvante et fidèle à elle-même, avec une bonne distribution, elle incarne son personnage principal à la recherche de ses origines avec brio, et touche en plein dans le mille.
8. Shiva Baby
Comédie particulièrement bien écrite, Shiva Baby est une petite pépite née de l’imagination de Emma Seligman qui suit Danielle lors d’une Shiva après le décès d’un proche. Nous partageons ses terribles moments de gêne après sa rencontre avec Max, un homme avec qui elle entretient une relation tarifée, ainsi que sa femme et son enfant. Son attitude désinvolte fait rire autant qu’elle angoisse dans cette belle découverte de l’année.
7. Le Sommet des dieux
Qu’il est bon de voir un talentueux film d’animation français au cinéma ! Patrick Imbert nous emmène dans le monde méconnu de l’alpinisme avec cette adaptation du manga du même nom. Porté par des visuels époustouflants et des personnages auxquels on s’attache, le film accroche durant cette heure trente haletante d’une quête de l’impossible.
6. Le Dernier Duel
Sorti dans un relatif anonymat, Le Dernier Duel de Ridley Scott est une pépite au casting incroyable : Adam Driver, Matt Damon, mais surtout Jodie Comer que l’on découvre dans un rôle majeur au cinéma. Le film se décompose dans une histoire en trois actes sur le viol questionné de Marguerite, Ridley Scott nous fait alors jongler entre trois points de vue avec brio dans cette belle leçon de cinéma.
5. Les Magnétiques
Entre passion musicale, amour et timidité, Les Magnétiques est un premier film très prometteur de Vincent Maël Cardona. Avec sa bande originale de très grande qualité et, on ne peut s’attendre à moins au vu du sujet du film, une mise en scène rondement menée, Les Magnétiques touche en plein cœur dans son attachement au personnage de Philippe.
4. Titane
Vectrice de belles surprises tout en restant toujours fidèle à elle-même, Julia Ducournau frappe fort avec Titane. Véritable bijou visuel, il divise cependant sur la nature de son traitement. Car si le film choque, ou même dégoute, c’est avant tout la signature Ducournau qui s’exprime. Mais c’est dans la performance pleine de sincérité de Vincent Lindon que se trouve le véritable dépaysement.
3. Gagarine
Gagarine ou le film sur la cité onirique, c’est ici que le duo que représente Fanny Liatard et Jérémy Trouilh changent le regard habituel du cinéma français sur le sujet. Après un court-métrage prometteur, cette adaptation en long-métrage est une réussite autant visuelle que sentimentale, une ode à l’amour de la cité et de la communauté qui y vit.
2. Onoda
Tiré d’une histoire que l’on pourrait qualifiée d’improbable, Onoda d’Arthur Harari nous emporte dans une aventure psychologique à travers les yeux de Hirō Onoda en mission sur une île des Philippines avant le débarquement des américains. Le film nous transporte dans sa solitude et nous offre un chef-d’œuvre rudement bien mené, tout simplement.
1. Annette
Leos Carax revient avec un film fracassant en se laissant aller à la comédie musicale dans un style qui lui est propre. Magnifiant Adam Driver dans un type de rôle assez courant dans sa filmographie, Leos Carax nous donne une impressionante leçon de mise en scène qui restera, pour sûr, gravée dans la mémoire du cinéma.