Au détour de mots soigneusement pesés et réfléchis, les différentes rédactions abordent avec plus ou moins de finesse et de détours la déception d’un bilan cinématographique annuel mitigé. Bizarre, cette année 2022 l’a été à plus d’un égard. Dans l’ordre naufrage, chant du cygne et résurrection sous les traits d’aliens à la peau bleu, le cinéma a, une nouvelle fois, cristallisé notre rapport changeant à la culture et fait couler beaucoup d’encre.

Pour le grand public, loin des gros titres alarmistes à l’analyse aussi inexistante qu’anecdotique, c’est avant tout l’essoufflement des franchises majeures qui interpelle sur une année qui a pourtant redonné ses lettres de noblesse au blockbuster américain artisanal et généreux, à l’image d’un Top Gun : Maverick qui a survolé les débats. Un retour gagnant d’un cinéma populaire qu’on croyait (presque) disparu et qui infuse évidemment dans les tops de l’année de la rédaction. Et si les projecteurs sont restés braqués sur le remplissage des salles portés par les films à grand spectacle, la beauté et la constance du cinéma indépendant mondial n’ont pas fléchi et le cru annuel interpelle par son exigence et sa considération du public. Une construction en miroir d’un cinéma bien souvent annoncé à l’agonie, lui qui affirme d’année en année un désir de radicalité et de curiosité intellectuelle. Un cinéma qui nous a tant marqué en 2022 et qui s’incarne dans les sélections de l’équipe.

De ces propositions fortes, c’est avec l’espoir d’un nouveau souffle que l’on débute 2023. Un espoir collectif pour que le septième art cesse d’être constamment ramené à son succès comptable, pour qu’on laisse enfin naître le temps du dialogue entre les œuvres et leur public. Un public à l’origine de succès inattendus quand il s’empare de ce temps, à l’image de L’Innocent ou de En Corps. Un modeste manifeste pour que le cinéma vive enfin, redevienne accessible et qu’on lui laisse son rythme si beau, lui qui sait si bien germer dans les trous béants d’une culture en pleine révolution. (QLG)

Le top de la rédaction

© Paramount Pictures

10. Top Gun : Maverick

Magistral techniquement, Top Gun : Maverick est également une surprise artistique. Car sans fioritures, son écriture s’envole pour laisser place à des personnages attachants et crédibles, bien loin de ce qui avait été fait en 1986. Véritable tour de force taillé sur mesure pour Tom Cruise, le film de Joseph Kosinski subjugue par sa démesure technique et sa dévotion corps et âme au divertissement. Abrutissant d’héroïsme par instant, le film déploie un tel savoir-faire pour impressionner qu’on se laisse emporter malgré tout, pour vivre une expérience inégalée et taillée pour le plus grand écran possible. (QLG)

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9. Godland

Parcours lancinant d’un prêtre photographe danois dans les splendides paysages islandais, Godland fascine et interpelle. D’une sublime retenue dans sa première partie contemplative, le film puise dans sa propre force collective et se mue par la suite pour explorer son passé trouble. De ce périple religieux quasi-suicidaire dans les déserts de glace, le réalisateur Hlynur Palmason extrait une analyse humaine qui dépasse le mystique et touche alors à l’humain, et donc, à la véritable grâce. (QLG)

© Bac Films

8. Decision to leave

D’une enquête policière banale en apparence, Decision to leave se développe en un drame incroyablement malsain, et tout aussi imprévisible. Cela grâce à une mise en scène, comme toujours avec Park Chan-wook, millimétrée et grandiose, des performances bouleversantes et une tension palpable à chaque instant… Sans la violence de Old Boy, le fantastique de Thirst ni la structure complexe de Mademoiselle, c’est un des films les plus subtils de sa filmographie, où la force des émotions s’en retrouve décuplée, pour une tragédie encore plus saisissante. (BD)

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7. Contes du hasard et autres fantaisies

Les relations sentimentales sont une grande source d’inspiration pour les artistes, mais peu savent proposer un point de vue à la fois pertinent et innovant sur le sujet. Avec Contes du hasard et autres fantaisies, Ryusuke Hamaguchi réussit cet exploit. Déjà consacré par la critique pour le sublime Drive My Car, il démontre à nouveau sa grande justesse dans l’écriture des personnages et de leurs échanges, dans une réalisation tout en retenue. Divisé en segments de qualités, bien que de manière inégale, le long-métrage suit trois femmes et leur désir : de ce qu’il peut avoir de plus ambiguë à ce qu’il peut révéler de plus lumineux. Sublime. (ALD)

© Mer Film

6. The Innocents

Phénomène de festivals en France et à l’étranger, The Innocents a également séduit l’ensemble de la rédaction. Film fantastique norvégien, il brise deux codes inhérents à l’horreur en se plaçant sous le soleil estival interminable du nord et en dépeignant l’ambivalence d’enfants en pleine découvertes de capacités exceptionnelles, entre innocence sincère et cruauté sans retenue. Premier film réalisé par le scénariste de Julie (en 12 chapitres), Eskil Vogt, la créativité de The Innocents ne s’arrête pas à son postulat. Il évite les écueils habituels du genre, jouant habilement sur les couleurs et les décors pour matérialiser une ambiance efficace et lourde, offrant une expérience sensorielle inédite. (ALD)

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5. Vortex

Habitué aux films coup de poing, Gaspar Noé signe une réelle rupture dans sa filmographie avec Vortex. Ici, la violence n’est plus physique mais psychologique. Les esprits embrumés d’Argento et Lebrun déambulent dans un appartement surchargé d’objets, catalyseur de leurs souvenirs. Cette mélancolie douce amère sert sans nul doute le meilleur film de son réalisateur, dont le calme et la tendresse des images déchire le cœur et humidifie les yeux. (MZ)

© Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc.

4. Licorice Pizza

La chronique d’époque avait eu un excellent représentant en 2019 avec Once Upon a Time… in Hollywood, l’essai est maintenant transformé avec Licorice Pizza. Tantôt hilarant, tantôt poignant, Paul Thomas Anderson livre une démonstration de sensibilité et de simplicité. Des physiques touchants de simplicité, remplis d’insouciance et de soif d’aventure. Digne de nos meilleurs souvenirs d’adolescence, Licorice Pizza envoûte, fascine, émeut et remplit d’espoir. (MZ)

3. Les Passagers de la nuit

Au cœur de l’âge d’or de la radio dans les années 80, Charlotte Gainsbourg incarne une mère qui découvre ce monde et fait la rencontre d’une jeune femme entre indépendance et solitude, incarnée par Noée Abita. De cette rencontre fortuite naît une errance dans la nuit parisienne loin des clichés, à la fois bouleversante et d’une grande douceur. Consécration de Mikhaël Hers comme le cinéaste des êtres sensibles, Les Passagers de la nuit s’accompagne d’un travail pointilleux de reconstitution visuelle et d’un camaïeu de bleus au grain très sophistiqué. Une mise en lumière fascinante d’une famille moderne. (ALD)

© A24

2. The Green Knight

David Lowery se construit une œuvre multiple, entre films de genre auteuristes, poétiques, cryptiques et même jeunesse. Son adaptation spectaculaire d’un roman médiéval, The Green Knight rentre dans la première case, avec tout ce que ça implique de poésie étrange et de tragédie. Il nous aspire dans son monde mythologique plein de malices, de bizarreries et dans son histoire désespérée. Enchanté par un casting incroyable porté par un Dev Patel toujours impeccable, une splendide réalisation, une musique exceptionnelle… The Green Knight s’impose comme un film unique et fascinant. (BD)

1. Nope

Propulsé par son excellent Get Out, Jordan Peele s’est affirmé en nous prenant de court dans son cryptique Us, long cauchemar familial aux doppelgänger déstabilisants. Alors investi d’une mission de sauveur du cinéma grand public il s’est mis à l’œuvre sur Nope, vision du cinéma populaire profondément consciente et respectueuse de l’héritage qu’elle convoque. Puisant dans les bestiaires et ambiances des plus grands, Peele convoque des sensations que l’on pensait perdues dans des films américains de plus en plus indolores. C’est le sourire aux lèvres et la bouche bée que l’on se plaît à se surprendre devant la grandeur d’une photographie sublime, d’une réalisation insolente de virtuosité, ou plus simplement : devant un très grand film. (QLG)

Le top de Quentin Le Gohic

© Universal Studios

D’abord perturbante, cette année a été particulièrement difficile à synthétiser : il a fallu prendre du recul sur des oeuvres à incubations lentes, à la portée plus confidentielle. À l’image du sublime Godland et de son pèlerinage dans les fjords islandais, le cinéma de 2022 a su cristalliser des moments inoubliables : de la mélancolie des premières relations avec Falcon Lake à la dévastatrice fin de celles-ci dans Vortex de Gaspar Noé – que l’on se plait à redécouvrir. Des moments qui dépassent le cadre de la fiction pour l’un des plus beaux hommages jamais couché sur grand écran dans Moonage Daydream. Documentaire d’exception qui sublime la vie et l’oeuvre de David Bowie jusqu’à atteindre une transcendance comme seul le cinéma expérimental peut offrir. Expérimentation qui infuse également dans EO, film à l’énergie folle portée sur les épaules d’un âne bouleversant.

Et puis il y a ces films qui, alors qu’ils semblent ne rien partager en commun, captent l’essence même du cinéma. À travers les oeuvres les plus généreuses comme Top Gun : Maverick et son grand spectacle qui marquera à jamais le cinéma d’action, Leila et ses frères et sa fresque familiale digne des plus grands romans, jusqu’à l’envoutante douceur nocturne de Les Passagers de la nuit et sa plongée dans un Paris des années 80 loin de l’attendu. Enfin, il y a l’évidence : ces films qui vous hantent dès leur premier visionnage et sont dès lors indissociables. C’est le cas du sublime The Green Knight et son interprétation mystique du roman de chevalerie qui confirme définitivement l’immense talent de conteur de David Lowery. Mais le plus inspiré des conteurs actuels évolue dans les racines de l’horreur : Jordan Peele, lui qui livre enfin son chef-d’oeuvre populaire avec Nope. Ahurissant de maitrise, il élève le cinéma de genre à l’image d’un Mad Max : Fury Road en son temps.

10. Moonage Daydream
9. Falcon Lake
8. Vortex
7. Godland
6. Leila et ses frères

5. Top Gun : Maverick
4. EO
3. Les Passagers de la nuit
2. The Green Knight
1. Nope

Mentions spéciales : Spencer, Apollo 10½The MediumL’Origine du Mal, Ninja Baby, Nos âmes d’enfants, Incroyable mais vrai, Barbare, Le Menu, After Yang

Le top de Azucena Lozano Denis

© Pyramide Distribution

Attendue comme l’année du renouveau du cinéma après deux ans d’alternance entre ouverture et fermeture, 2022 ne marquera pas par la multiplicité de ses réussites. Mais elle le fera par de fortes propositions ça et là, qu’il ne fallait pas manquer dans un flot inédit de sorties. Ouvrant le bal, The Green Knight n’a malheureusement pas pu bénéficier de la sortie en salle que sa beauté spectaculaire aurait nécessité. Spencer a aussi marqué les esprits sur Prime, par la prestation troublante de Kristen Stewart en Lady D. prise au piège d’un huis clos doré. Côté concurrent, Netflix a été le lieu du retour du grand Del Toro dans deux domaines bien différents, avec la plaisante série d’anthologie Le Cabinet de curiosités, puis avec l’adaptation dont il rêvait de Pinocchio. Film d’animation d’une grande poésie dans le traitement de ses sujets les plus difficiles, comme il nous y a maintenant habitué avec sa filmographie.

Côté salles obscures, l’année a été celle des propositions marquantes en cinéma d’action, avec le retour de Top Gun dans un deuxième volet qui a pris l’ascendant sur le cultissime premier. 2022 a aussi été l’année où le cinéma a pris le temps, après deux ans de tumulte, pour proposer des rencontres, avec les déambulations nocturnes de Les Passagers de la nuit. Mais aussi par un triptyque magnétique, avec les Contes du Hasard et autres fantaisies. Enfin, l’année a été celle d’un regard consciencieux sur le passé, entre fascination et amertume. Avec des œuvres comme Godland et sa quête visuellement sublime, mais qui porte un propos grinçant sur l’Islande danoise. Mais aussi et surtout, avec Nope, l’un des meilleurs films de ces dernières années, qui permet à Jordan Peele de parler d’histoire du cinéma et de rendre au passage hommage aux films de monstre, par une approche radicale qui tranche avec leur héritage. Symbole d’une époque qui ne cesse de regarder en arrière tout en cherchant l’émancipation.

10. Pinocchio par Guillermo del Toro
9. Top Gun : Maverick
8. Vortex
7. The Innocents
6. Spencer

5. Godland
4. Les Passagers de la nuit
3. Contes du hasard et autres fantaisies
2. The Green Knight
1. Nope

Mentions spéciales : Junk Head, Le Menu, The Batman, Everything Everywhere All at Once

Le top de Baptiste Duminil

© Originals Factory

Revenir sur 2022 pour cette rétrospective n’a pas été simple : nouvelle année de guerres, crises, austérité et montée de l’extrême droite. C’est également une année de plus qui s’écoule depuis le Covid-19, dont les conséquences se font encore sentir. Et puis au cinéma, puisque c’est de cela dont il est question, c’est une année de plus sans film Star Wars, sans même entrevoir la forme du prochain, et une année de plus de dégradation des films Marvel et, dans l’ensemble, de bien trop de déceptions. 

Mais ce fut tout de même une année, et elle nous a offert autant de moments de grâce que les autres. Le cinéma d’action s’est surpassé : quel spectacle que celui d’Everything Everywhere All at Once et de The Batman, à contre courant de la monotonie des films de super-héros. 2022 nous a aussi montré qu’on pouvait faire confiance aux auteurs qu’on aime : Park Chan-wook (Decision to leave), Jordan Peele (Nope), Martin McDonagh (Les Banshees d’Inisherin), David Lowery (The Green Knight)… Tous ont été, dans leurs styles, à la hauteur des immenses attentes à leur égard. Des piliers aussi fiables dans un monde si instable, ça n’a pas de prix. Enfin, ce fut une autre année avec son lot de petites perles fortes en caractère et profondément uniques. C’est le cas de Junk Head, tour de force en stop motion venu du japon, ou Les Cinq Diables de Léa Mysius qui réaffirme que les autrices feront le cinéma français de demain. Ou encore Le Serment de Pamfir, film splendide et conte tragique comme le cinéma de l’Est en a le secret. Enfin, ce fut une belle année pour le cinéma d’horreur, avec Nope évidemment mais aussi des films comme Black Phone avec lesquels nous jouons à nous faire peur, même au bord du précipice de notre extinction.

10. Junk Head
9. Le Serment de Pamfir
8. Black Phone
7. Les Cinq Diables
6. Nope

5. The Green Knight
4. Les Banshees d’Inisherin 
3. Decision to Leave
2. The Batman
1. Everything Everywhere All at Once

Mentions spéciales : Ambulance, Les Passagers de la nuit, Top Gun : Maverick, Coupez !, Flee

Le top de Mathieu Zorrilla

©  Lucia Faraig

Cette année plus que les autres a été marquée par des films à ambiance. Pour le meilleur, comme pour le pire. Pire dans certaines déceptions avec des promesses non exaucées (La Légende du roi crabe). Meilleur dans des révélations ou confirmations d’attentes de longue date. Même les ressorties (La Maman et la Putain en tête) ont emmené les spectateurs dans des univers envoûtants, déroutants, hypnotiques. L’ultime requiem de deux volcanologues aux images envoûtantes, le savoureux mélange de styles de L’Origine du Mal ou la quête monétaire effrénée de Marché Noir… Le voyage halluciné s’est poursuivi avec le psychédélique After Blue et les voiles menaçants du Nope de Jordan peele dont la mystique ne serait rien sans les enfants démoniaques de The Innocents !

Le réel tournant de l’année s’est opéré avec la découverte hypnotisante de Pacifiction, thriller paranoïaque dans une veine très 70’s. Après Tahiti voici la Galice avec As Bestas, démonstration de ce que sait faire de mieux le cinéma espagnol contemporain avec sa tension lancinante qui nécrose les relations humaines. Mais si la surprise avait un nom ce serait le Vortex de Gaspar Noé, à contre courant du reste de sa filmographie, le réalisateur français nous a livré son film le plus violent et tendre à la fois. Comme en 2019 avec Once Upon a Time… in Hollywood, la consécration vient d’une chronique d’antan du nom de Licorice Pizza. Entraînant, survolté, naturel, simple : les adjectifs manquent pour qualifier cette réussite complète.

10. Au cœur des volcans
9. L’Origine du Mal
8. Marché Noir
7. After Blue
6. Nope

5. The Innocents
4. Pacifiction
3. As Bestas
2. Vortex
1. Licorice Pizza

Mentions spéciales : Incroyable mais vrai, Spencer, Elvis, La Maman et la Putain, Les Vedettes

Le top de Camille Sayah

© Dan Smith / Netflix

L’année a commencé avec émerveillement devant le Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson. Une entrée dans une année sans arrêt soudain de la vie cinématographique, après deux ans de chamboulement sanitaire. Ce qu’elle nous apporte aussi, c’est son lot de films qui ne connaîtront malheureusement pas les salles obscures, comme The Green Knight ou Glass Onion. Des pépites d’un autre genre ont pu faire leurs place, comme The Innocents, ce film fantastique venu de Norvège aux notes dramatiques et qui maintient une tension de tout son long. 

Avec Les Passagers de la nuit, son film français joliment écrit ancré dans les années 80, Mikhaël Hers offre une poésie dont il a l’habitude, grâce à un casting touchant plein de sincérité par lequel on se laisse facilement bercer. Trois nuits par semaine, premier long au cinéma de Florent Gouëlou (alias Javel Habibi, son personnage drag-queen) propose une découverte du milieu drag avec bienveillance, par des personnes concernées et légitimes. Une première dans le cinéma français. Enfin, rien de mieux que de finir l’année comme elle a commencé, avec un film d’enfance devenu show de Broadway à succès : Matilda, la comédie musicale. Entre les musiques entraînantes, le casting d’enfants talentueux et une image à tomber par terre, je suis ravie d’avoir eu la chance de le voir sur grand écran à Londres. Symbole d’une année pleine de surprise, aux œuvres abandonnées au profit des plateformes et du petits écran qui mériteraient un retour en salles. 

10. Avatar : La Voie de l’eau
9. Trois nuits par semaine
8. En corps
7. The Innocents
6. Decision to Leave

5. Contes du hasard et autres fantaisies
4. Les Passagers de la nuit
3. Licorice Pizza
2. Nope
1. Matilda, la comédie musicale

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