Connu avant tout comme YouTuber, Joe Penna s’essaye pour la toute première fois à la réalisation avec Arctic, survival glaçant avec Mads Mikkelsen dans le rôle principal. Nouvelle preuve de la richesse des talents du web, le film a été présenté au Festival de Cannes en séance de minuit, mais vaut-il vraiment le coup ?
En Arctique, la température peut descendre jusqu’à moins –70°C. Dans ce désert hostile, glacial et loin de tout, un homme lutte pour sa survie. Autour de lui, l’immensité blanche, et une carcasse d’avion dans laquelle il s’est réfugié, signe d’un accident déjà lointain. Avec le temps, l’homme a appris à combattre le froid et les tempêtes, à se méfier des ours polaires, à chasser pour se nourrir… Un événement inattendu va l’obliger à partir pour une longue et périlleuse expédition pour sa survie. Mais sur ces terres gelées, aucune erreur n’est permise…
Arctic ne se veut ni extrême ni impressionnant dans ses effets et c’en est finalement son principal atout. Joe Penna est à la recherche de quelque chose de plus réaliste, pour le spectateur et pour ses personnages. En cherchant une certaine crédibilité et cohérence il s’éloigne finalement de nombreux clichés inhérents aux films du genre pour offrir quelque chose de plus personnel. Une telle démarche comporte des avantages évidents comme une identification rapide et efficace au personnage joué par Mads Mikkelsen mais aussi plus de difficulté pour insuffler une véritable tension aussi efficace qu’avec des scènes plus spectaculaires…
Quasiment muet, le film est porté par un Mads Mikkelsen une nouvelle fois impressionnant mais également par Maria Thelma Smáradóttir qui a décroché son premier rôle pour le film. Sans pour autant révolutionner le film de survie avec sa réalisation, Joe Penna nous offre de magnifiques cadres, souvent larges et contemplatifs, accentuant encore plus la solitude des personnages dans ces grands espaces islandais…
Ceci étant dit le film manque cruellement de force dans sa réalisation et dans son rythme, laissant le spectateur extérieur aux différentes péripéties de nos personnages. Malgré la force amenée par Mads Mikkelsen et la bande originale puissante de Joseph Trapanese le film soufre également de certaines longueurs : un comble pour un film basé sur le danger permanent…
Malgré d’évidentes qualité le film ne dépasse finalement jamais le statut d’anecdotique. Sans véritables scènes marquantes le film se retrouve noyé dans la masse du « survival de grand froid ». Sans être désagréable ou objectivement mauvais, Arctic ne semble pas si inspiré que cela ce qui laisse le spectateur sur un sentiment mitigé…
Cependant, avec Arctic, Joe Penna marque l’arrivée d’une toute nouvelle génération de cinéastes nés sur internet et prouve que la transition, même si elle est difficile, est possible…