Récit en partie biographique, Funan nous plonge dans le Cambodge de la fin des années 70, en pleine révolution Khmer rouge. Première réalisation du français Denis Do, elle raconte le parcours d’une famille déchirée par le régime, et plus particulièrement la lutte de la mère, Chou, pour retrouver son fils alors que celui-ci a été envoyé dans un camp de travail différent du sien. Et ce, tout en tentant de survivre.
L’œuvre, produite en partenariat avec des artistes et studios étrangers (dont cambodgiens) a remporté le cristal du meilleur long-métrage de la compétition. En plus de la critique, notre équipe a eu la chance de rencontrer le réalisateur dans le cadre du festival d’Annecy et de filmer cet entretien que vous pouvez retrouver ci-dessous.
1975. La survie et le combat de Chou, une jeune mère cambodgienne, durant la révolution Khmère rouge, pour retrouver son fils de 4 ans, arraché aux siens par le régime.
Partie intégrante de l’histoire du réalisateur lui-même car insufflé par le vécu de sa mère ayant comme tant d’autres fuit le pays, le film cherche malgré tout à demeurer une fiction bien que très renseignée. Un témoignage et non une œuvre politico-historique. C’est pourquoi l’accent est mis sur les personnages en tant qu’individus, leurs sentiments, leurs décisions au milieu de ces circonstances exceptionnelles et dramatiques. La difficulté dans ce choix de traitement repose sur le jeu d’équilibriste qui doit rester émouvant certes, tout en évitant de tomber dans le pathos. Pour une première tentative cinématographique, le pari était risqué.
Toutefois, comme l’ont démontré les standing ovations aux différentes projections lors du festival d’Annecy et la récompense finale, c’est dans cette gestion de l’émotion que se trouve la réussite première de Funan. Poignante, la narration capte le spectateur sur tous ses niveaux, que ce soit dans la quête globale pour la réunion familiale, mais également dans ses histoires secondaires ; dans les différentes scènes comme dans les dialogues. Un fond qui porte déjà toutes les promesses d’une œuvre majeure.
Mais si Funan réussi à se démarquer c’est également par son excellence visuelle. Inspirée par l’animation japonaise et ses codes très reconnaissables, l’animation est fluide et les personnages hautement expressifs quand les décors sont colorés et détaillés. De plus le film se compose de plans marquant par leur beauté et leur poésie au-delà des plans plus classiques observés dans la fiction historique. Mais encore une fois, c’est la volonté de placer la sensibilité au cœur du projet qui ressort au travers de cela.
Un véritable apport artistique souligné par la bande-originale, en accord total avec ce que voulait susciter le film, des mots même de Denis Do. Très présente, la musique est une part complète de la composition du long-métrage et ne se réduit pas à simplement appuyer ce qui se passe à l’écran. C’est une narration à part entière. Là aussi se ressent toute l’influence de la japanime. Et outre cela, le doublage mené par Bérénice Bejo (The Artist) et Louis Garrel (Le Redoutable) est lui aussi plus que correct alors que les deux acteurs s’essayaient pour la première fois à l’exercice.
Funan ne démérite pas son succès et son prix de meilleur film de la compétition annécienne. À la fois tranche de vie subtilement retracée et œuvre visuellement inspirée, c’est un véritable coup de maître pour un premier long-métrage. Porté par un doublage réussi et une bande-son indissociable de l’œuvre, c’est un coup de cœur qui a déjà beaucoup fait parler de lui.