Critique de Tin Can

© CUT/OFF/TAIL PICTURES
Un film de
Seth A. Smith
Sortie
Prochainement
Diffusion
Prochainement

LÉTRANGE FESTIVAL 2021 Habitué des festivals et des œuvres déroutantes tel que le remarqué The Crescent, le cinéaste et musicien canadien Seth A. Smith continue dans sa lancée avec Tin Can, un film expérimental de science-fiction présenté en compétition internationale. Ayant pour postulat l’enfermement en période pandémique, le long-métrage fait écho à l’actualité sur le papier, mais la comparaison s’arrête là et le film devient rapidement une expérience sensorielle unique dont ce contexte sert de prétexte.

Alors qu’une épidémie de peste ravage le monde, une parasitologue de renom se retrouve emprisonnée dans une chambre d’hibernation. Pour s’en échapper, elle doit commettre l’irréparable. 

Difficile d’évoquer Tin Can sans risquer de dévoiler son intrigue et son récit de basculement à la fois narratif, social et psychologique. La réalisation trouve toute son importance pour y donner corps : jouant au départ sur la proximité et l’organique, la caméra va au fur et à mesure prendre de la distance et mettre en scène de véritables tableaux surréalistes effroyables. À la fois co-scénariste et réalisateur, Seth A. Smith a pu bénéficier de cette double casquette pour maîtriser son œuvre de A à Z. Le long-métrage joue des matières et des corps, n’hésitant pas à franchir pleinement la frontière du gore comme enjeu artistique à part entière. Une véritable réussite qui conjugue à la fois expérimentation et respect d’une ligne narrative claire et cohérente. Il faut également souligner le travail formidable autour des effets spéciaux qui, minutieusement utilisés dans des clairs obscurs très valorisants, donnent une crédibilité palpable à la terreur du film.

© CUT/OFF/TAIL PICTURES

Sortir des gonds

Néanmoins, si l’aspect visuel ne démérite pas, la seconde partie marquée par un panneau dans le film qui change la teneur du récit, ne donne finalement que très peu de repères aux spectateurs et spectatrices. Le peu d’informations évoqué par les personnages se mélange au sein d’échanges peu audibles. S’il s’agit très probablement d’un choix, celui d’un exercice de terreur qui vient se renforcer par la désorientation, cet artifice ne saurait fonctionner sur une telle longueur. Encombrée de flash-backs à la fois répétitifs et parfois peu intéressants, cette dernière partie aurait méritée un rythme plus travaillé car, en l’état, elle laissera plus d’un spectateur sur le côté, et cela même en ayant pleinement conscience de l’aspect expérimental assumé. Parce que c’est justement quand il s’éloigne du sentimental que Tin Can est le plus abouti.

Tin Can est une expérience sensorielle forte. Jouant sur des registres classiques de terreur à la fois organique et mécanique jusqu’à questionner ce qui constitue l’humanité. Il s’inscrit dans une lignée artistique déjà bien fournie mais ne démérite pas par une identité visuelle efficace et ses propositions expérimentales. Peut-être un peu desservi par une intrigue secondaire sous forme de souvenirs assez triviaux, le long-métrage canadien est pourtant une œuvre qui cherche sans cesse à aller plus loin dans ses propositions, qu’elles fonctionnent ou non.

3.5

Latest Reviews