De l’autre côté du « Black Mirror »

Salut les amis, aujourd’hui, tout le monde sourit, aujourd’hui c’est série ! Je vous propose, si vous le voulez bien, une petite plongée dans l’univers particulier d’une série britannique un peu ovni, un peu dérangeante, un peu géniale : Black Mirror.

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La principale particularité de Black Mirror, c’est qu’il s’agit d’une série d’anthologie c’est-à-dire sans personnages récurrents ni unité de lieu. Seul le thème fait le lien et chaque épisode indépendant, raconte une histoire complète avec un début et une fin. Le principe peut dérouter au premier abord mais devient vite une force en rendant chaque épisode et donc chaque ambiance plus intense et plus dérangeante. (Et pour le côté pratique on apprécie l’absence de cliffhanger, et la possibilité d’envisager chaque épisode comme un mini-film.)

Or donc, ce fameux thème qui relie tous les épisodes quel est-il ? Black Mirror c’est une dystopie satirique et amère de la société moderne et de ses dérives psychologiques, notamment induites par la place des nouvelles technologies dans nos vies.

Charlie Brooker, le journaliste créateur de la série l’explique : « si la technologie est un médicament – et  elle ressemble à un médicament – alors quels en sont précisément  les effets secondaires ? Cette zone – entre plaisir et inconfort – c’est là que ma nouvelle série dramatique « BlackMirror » se situe. Le « Black Mirror » du titre, c’est celui que vous trouverez sur chaque mur, sur chaque bureau, dans la paume de toutes les mains : l’écran froid, brillant d’une télévision, d’un ordinateur, d’un smartphone ».

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Alors voilà, maintenant qu’on a dit ça, pourquoi on aime ? Avec Black Mirror, on est mis face à nos contradictions, la tête plongée dans nos propres addictions et obligés d’admettre les risques de dérive.  Nos modes de vie, nos technologies, notre système politique et médiatique, tout est passé au filtre noir d’une critique acerbe mais diablement humaine. Entre voyeurisme et malaise, c’est « l’homme moderne » dans ce qu’il peut donner de pire que l’on contemple avec plaisir, comme dans une sorte de mise en abyme ultime.

Le premier ministre britannique obligé de sodomiser un cochon en direct à la télévision, l’invention du « grain », une technologie qui permet de revoir et repasser en boucle chaque minute de sa vie, un monde où la téléréalité semble le seul moyen de s’en sortir, un ours en peluche animé candidat n°1 aux élections… Tout y passe et nous avec.

A noter que tout cela est minutieusement réglé, avec un timing maitrisé, intense mais pas précipité, une esthétique toujours réaliste, jamais « too much » (même lorsqu’il s’agit d’appareils technologiques ultradéveloppés) et des personnages terriblement, désespérément humains.

Alors oui Black Mirror se définit comme une dystopie, mais quand on compare les Google Glass au « grain » ou que l’on se penche sur l’incident de David Cameron et son cochon, on remarque que Charlie Brooker sait viser juste et appuyer là où ça fait mal.

Et quand à la fin du générique le logo de la société de production s’affiche et qu’on se rend compte qu’il s’agit d’une filiale d’Endemol (qui produit notamment Big Brother et son équivalent français, Secret Story), on se dit qu’on a de quoi frissonner.

A noter : Black Mirror est actuellement rediffusé en France sur France 4 et Netflix a repris la production en septembre 2015 pour une troisième saison de 6 épisodes.

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