Matthew Vaughn s’est rapidement fait connaitre à Hollywood après son premier film, Layer Cake, en 2004 . Mais si le nom de Vaughn est familier du grand public cela est surtout lié à ses deux grands succès du film d’action des années 2010 : Kick Ass et Kingsman : Services Secrets mais également pour son très réussi X-Men : Le Commencement.
À l’inverse de Kick Ass 2, où il n’avait que la casquette de producteur (pour un résultat plus que décevant), Matthew Vaughn est, avec Kingsman, bien décidé à lancer une franchise à succès. Mais après la surprise du premier volet dans sa parodie légère et survitaminée des films d’espionnages anglais cette suite, qui prend le nom de Kingsman : Le Cercle d’or, semble être une Mission Impossible pour le réalisateur.
KINGSMAN, l’élite du renseignement britannique en costume trois pièces, fait face à une menace sans précédent. Alors qu’une bombe s’abat et détruit leur quartier général, les agents font la découverte d’une puissante organisation alliée nommée Statesman, fondée il y a bien longtemps aux Etats-Unis.
Face à cet ultime danger, les deux services d’élite n’auront d’autre choix que de réunir leurs forces pour sauver le monde des griffes d’un impitoyable ennemi, qui ne reculera devant rien dans sa quête destructrice.
Surenchèrement vôtre
Si le premier volet des aventures des Kingsman fonctionnait si bien c’est avant tout grâce au vent de fraicheur insufflé par cette parodie irrévérencieuse et délirante des plus grands James Bond. A tel point que certaines scènes sont devenues presque instantanément cultes (oui, l’église, on parle évidemment de la même). Mais si le premier volet pouvait se contenter de surfer sur ce vent d’originalité et de décontraction absents dans les films d’actions de l’époque il était évident que la barre serait haute pour que la suite puisse marquer les esprits à la manière du premier, et à ce niveau là le bilan est contrasté.
Avec son ami de toujours Guy Ritchie, Matthew Vaughn incarne ces scènes d’actions sous acides, ces plans séquences absolument incroyables, ces montages renversants… et si Kingsman : Le Cercle d’or n’a pas à rougir de la comparaison avec le premier sur un point précis cela est bien sûr sur ses scènes d’actions. Vaughn s’est fait plaisir et cela se ressent, sans contrôle de la part du studio il a eu la liberté absolue de faire ce dont il avait toujours rêvé et cela dès la course poursuite d’ouverture qui installe le décor pour les futures scènes d’action du film : en roue libre totale.
Mais cette liberté absolue tend malheureusement vers la surenchère à la manière du récent Gardiens de la Galaxie 2 et de son humour surdosé. Sans pour autant dépasser le point de non retour, Kingsman : Le Cercle d’or frôle l’overdose jusqu’à desservir ses propres scènes d’actions, un comble.
Un Vodka-Martini, au shaker, pas à la cuillère
Si Kingsman : Le Cercle d’or reste un excellent divertissement et une bonne suite il en aurait pu en être bien différent. En effet si la production du film n’avait pas allégrement spoilé le retour du personnage de Colin Firth sur absolument tous les visuels du film (et cela contre la volonté de Matthew Vaughn lui même) cette suite aurait pu égaler voir surpasser le premier. En effet toute la structure narrative du film est basée sur cette révélation du retour de Harry et la surprise aurait sans aucun doute été immense pour le spectateur puisque qu’elle devient un des fils rouges de la suite de l’histoire. Kingsman : Le Cercle d’or est donc (malheureusement) un des exemples les plus marquants de sabotage d’un film à des fins marketing, d’autant plus douteux puisque ce retour est il vraiment la raison pour laquelle nous, spectateurs, allons voir cette suite ? Mais si la promotion de Kingsman : Le Cercle d’or a gâché toute la trame du film elle s’est gardée de révéler l’un des plus beaux caméos qu’on ai vu récemment, justifiant presque le visionnage à lui tout seul, merci.
Pour rendre sa suite plus grande en tout point Matthew Vaughn a misé sur un casting cinq étoiles avec, entre autres, Channing Tatum, Halle Berry, Jeff Bridges et Julianne Moore mais surtout l’excellent Pedro Pascal (absent de tous les visuels du film, lui). Pourtant ce casting laisse un gout amer, et c’est avant tout lié au fait que la moitié du casting est finalement présent moins de cinq minutes à l’écran, servant plus d’avant gouts des éventuelles suites que de véritables personnages liés à l’intrigue.
Si Kingsman : Le Cercle d’or fonctionne moins bien que son prédécesseur c’est également lié à son scénario en lui même. Non pas que le scénario du premier volet était transcendant mais car il faisait de Kingsman ce film d’espionnage décontracté à la touche « british », apportant ce raffinement pour contre balancer tout l’aspect « bourrin » et irrévérencieux qui forge son caractère. Or en transposant l’action aux Etats-Unis Vaughn tend vers la « beaufitude » sans avoir de véritable contre poids pour nuancer cet aspect américain du film, transformant le vent du fraicheur du premier en simple film d’action dénué de tout sens. C’est évidemment le but ici, mais cette parodie de film américain fonctionne moins bien que la parodie de film d’espionnage british qu’était le premier, dommage.
Matthew Vaughn signe une suite dans l’ensemble réussie mais finalement sabotée en elle même par son envie de faire plus grand et par sa campagne marketing désastreuse pour l’intrigue du film. Si le casting n’est qu’au final un décor de façade Pedro Pascal porte cette suite à lui tout seul, volant même la vedette à Taron Egerton, chapeau. Mention spéciale à Merlin, incarné par Mark Strong, se révélant être l’un des personnages les plus touchants et qui nous offre l’une des scènes les plus poétique du film. Malgré ses défauts ce Kingsman : Le Cercle d’or ressemble à une suite sous acide en version XXL du premier volet, jouant sur les codes du film américain pour mieux le parodier, malheureusement elle aurait pu être beaucoup plus.