FESTIVAL DE CANNES 2021 – Cinq ans après la projection mémorable de Dernier train pour Busan en séance de minuit, la Croisette a de nouveau tremblée avec un film catastrophe coréen : Emergency Declaration de Han Jae-rim, cette fois-ci en hors-compétition. Ces projections, sorte de camouflé d’ouverture au cinéma grand public pour le Festival, regorgent pourtant de très belles surprises et d’une réception souvent enthousiaste du public cannois.
In-ho, policier aguerri, reçoit le signalement d’une vidéo sur une menace terroriste aérienne. Pendant son enquête, il comprend que le suspect est déjà à bord du vol KI501. Malgré sa peur de l’avion, Jae-hyuk décide d’aller à Hawaï afin de soigner sa fille. La présence d’un homme qui rôde autour de lui en proférant des menaces attire son attention. Dans le vol KI501 en partance d’Incheon à destination d’Hawaï, un passager trouve la mort de façon inexpliquée. Un sentiment de panique et de terreur gagne l’avion et le sol. En apprenant la nouvelle, la ministre du territoire et des transports, Sook-hee, met sur pied une cellule de crise anti-terroriste et organise une réunion d’urgence afin de trouver une solution pour faire atterrir l’appareil.
Thriller catastrophe sur fond d’attaque terroriste, Emergency Declaration ne semble pas des plus inspirés sur le papier. Mais de ce constat générique à la Non-stop, Han Jae-rim incorpore pourtant un élément nouveau, et ironiquement actuel, dans la menace qui pèse sur ce vol. Une menace que la bande-annonce prend habilement soin de ne pas dévoiler et qui est vécue en temps réel, sur terre et dans les airs, par deux immenses acteurs coréens : Song Kang-ho et Lee Byung-hun. Une réunion au sommet qui tient ses promesses et offre à ces deux géants l’espace nécessaire pour déployer leur talent. Loin des habituels poncifs du genre, le film traite ses personnages avec intelligence et bonne foi, ne cherchant pas à épuiser leur coté idiot pour créer d’incalculables péripéties au détriment du récit.
Il y a un pilote dans l’avion
Avec ses allures de blockbuster léché, le film de Han Jae-rim construit un rythme balancé et maîtrisé dans sa première partie avant de tirer en longueur une conclusion qui aurait mérité le même traitement que son penchant introductif. Malgré tout, et avec ses 2h27 au compteur, Emergency Declaration captive par son approche très aérienne de la réalisation. Avec ses mouvements de caméras audacieux il rappelle justement son penchant ferroviaire, Dernier train pour Busan, même si certaines scènes auraient gagné à s’inspirer de son minimalisme de l’action qui paraît ici plus tape-à-l’œil et interminable dans certaines séquences (on pense à un très long « tonneau aérien »).
Malin et inventif, le scénario n’est jamais prétexte et permet au long-métrage de nous emporter dans une véritable course contre la montre appuyée par un montage dynamique, et en miroir avec les enquêteurs au sol. Comme souvent en Corée, le sous-texte politique est léger, mais a le mérite d’exister dans un paradigme du genre américain de plus en plus lisse.
En gardant toujours en vue son objectif, Han Jae-rim livre un film honnête et réussi. Ne cherchant pas le twist inattendu dans la stupidité de ses personnages, Emergency Declaration rappelle les meilleurs films catastrophe : La Tour infernale et L’Aventure du Poséidon en tête. De ce casting incroyable il tire des performances contrastées et émouvantes quand il s’agit d’endosser les conséquences d’un récit sans détour.