En 2009 sortait Very Bad Trip, comédie rafraîchissante et trash portée par un impressionnant casting en roue libre totale. Remettant sur le devant de la scène des comédies plus adultes et crues (quelque part entre les films de la bande à Seth Rogen et ceux de Shane Black). Alors quand Game Night, une comédie au pitch et au casting prometteur, arrive en salles cela pique notre curiosité.
Pour pimenter leur vie de couple, Max et Annie animent un jeu une nuit par semaine. Cette fois ils comptent sur Brooks, le frère charismatique de Max, pour organiser une super soirée à thème autour du polar, avec vrais faux malfrats et agents fédéraux ! Brooks a même prévu de se faire enlever…. sauf qu’il reste introuvable. En tentant de résoudre l’énigme, nos joueurs invétérés commencent à comprendre qu’ils se sont peut-être trompés sur toute la ligne. De fausse piste en rebondissement, ils n’ont plus aucun point de repère et ne savent plus s’il s’agit encore d’un jeu… ou pas. Cette nuit risque bien d’être la plus délirante – et la plus dangereuse – de toute leur carrière de joueurs…
Place aux jeux
À l’instar de la France les comédies américaines naviguent entre navets racistes et misogynes et petites perles indépendantes. Un constat qui catégorise rapidement un genre qui a beaucoup à offrir et qui pourtant en décourage beaucoup… À première vue Game Night ressemble à l’une de ces nombreuses tentatives de comédies américaines faussement transgressives et trash mais une fois l’intrigue lancée le film se révèle terriblement imaginatif, croustillant dans son écriture et prenant dans sa réalisation !
Les deux réalisateurs, John Francis Daley et Jonathan Goldstein, ont travaillés ensemble à plusieurs reprises (sur Comment tuer son boss ? et Spider-Man: Homecoming notamment) créant une alchimie indéniable. Le film virevolte de révélations en révélations, de plans iconiques à d’autres et cela en mélangeant nervosité et fluidité dans la réalisation et le montage, un vrai tour de force dans le genre très codifié qu’est la comédie !
Si Game Night tire son épingle du jeu c’est effectivement grâce à son travail sur la réalisation et les visuels, choses habituellement délaissées dans les comédies grand public. Un travail qui rapproche le film des deux réalisateurs de l’oeuvre d’Edgar Wright, véritable génie anglais du genre, qui a justement su tirer son épingle du jeu en créant des comédies rythmées et décalées.
Les jeux sont faits
Sans pour autant atteindre le génie de Wright, le film est une véritable surprise d’inventivité et de rythme, d’une part grâce à cette réalisation rafraîchissante et nerveuse et de l’autre grâce à un véritable travail sur le montage qui permet de garder un rythme haletant et sans superflus tout le long des 1h30 de film. Game Night s’enchaîne sans temps mort et entraîne le spectateur du rire aux larmes avec une gestion de la narration impressionnante. Il se permet même de véritables parti pris de réalisation et de montage au milieu d’un film pourtant formaté pour rentrer dans les codes de la « comédie jeunes adultes »
Mais outre l’aspect technique du film, s’il fonctionne c’est également de par son casting composé, d’un coté, de figures emblématiques de la comédie américaine comme Jason Bateman mais également d’actrices et d’acteurs moins habitués à l’exercice comme Rachel McAdams, Kyle Chandler ou encore l’excellent Jesse Plemons. Un casting en roue libre totale qui semble s’amuser autant, si ce n’est plus, que le spectateur dans ce cluedo grandeur nature. Le tout portée par la bande originale électrique de Cliff Martinez dans la continuité de son travail sur Drive.
Game Night ne brille pas par son scénario (qui comporte malgré tout quelques retournement intéressants) mais bénéficie d’une réalisation et d’un travail visuel plus qu’inattendu. Une comédie qui n’avait, à première vue, pas grande chose à offrir et qui se transforme en l’une des meilleures de l’année, tout simplement. Game Night offre un véritable bol d’air frais dans un genre qui a tendance à se contenter du strict minimum. On en redemande !