Critique de Julie (en 12 chapitres)

Un film de
Joachim Trier
Sortie
13 octobre 2021
Diffusion
Cinéma

FESTIVAL DE CANNES 2021 – Avec cinq longs-métrages en quinze ans, la carrière de Joachim Trier est restée partiellement confidentielle en France. Dans l’hexagone, on le connait surtout pour Oslo, 31 août et Thelma. Des œuvres profondément personnelles qui ont infusé tout au long de la décennie pour donner naissance à Julie (en 12 chapitres), en compétition officielle.

Julie, bientôt 30 ans, n’arrive pas à se fixer dans la vie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, 45 ans, auteur à succès, elle rencontre le jeune et séduisant Eivind.

Le dernier film de Joachim Trier est une véritable parenthèse dans ce festival. Pas nécessairement dans ses thématiques, à première vue plus légères, mais dans l’humilité et la simplicité avec laquelle il traite ses personnages. Le film est divisé en 12 chapitres, un prologue et un épilogue, et nous fait suivre l’évolution torturée et sinueuse de Julie. Comme l’est la vie, à laquelle la construction du film aspire à imiter au mieux, Julie (en 12 chapitres) déambule dans un enchaînement de scènes et de situations à priori mineures, pour en tirer des changements radicaux sur le long terme. Pour réussir cette construction tout en finesse, Trier s’est appuyé sur son ami de toujours au scénario : Eskil Vogt, avec lequel il avait déjà écrit Oslo, 31 août et Thelma. Une collaboration qui porte à nouveau ses fruits en évitant les dialogues pompeux, et situations complètement déconnectées, malgré la bourgeoisie ambiante qui sert de décor.

© Oslo Pictures

La pire personne au monde

Si le film nous emporte aussi rapidement avec lui c’est grâce au talent de Renate Reinsve, révélation et future star qui avait pourtant débuté il y a dix ans déjà dans Oslo, 31 août. Un cycle qui se termine, et de l’aveu du réalisateur lui-même, une envie de mettre sous les projecteurs cette actrice au talent exceptionnel. Car même si elle donne la réplique au plus expérimenté Anders Danielsen Lie, sa fraicheur et son énergie libératrice accaparent notre regard. Jamais agaçante malgré son personnage aux envies impossibles, Renate Reinsve brille dans le rôle et incarne plus que jamais cette Julie.

Ce casting d’exception évolue dans des scènes d’une inventivité folle, et pourtant toujours bien dosées. Mélange pop aux inspirations diverses, de Trainspotting au cinéma d’Edgar Wright, Joachim Trier s’amuse tout en restant pertinent dans sa fable moderne sur l’amour. L’ensemble est magnétique et l’on rit, pleure, s’énerve avec ces récits de désirs inavoués où la frustration se télescope à la déception.

Grand film sur l’amour, la mort, la vie et le reste. Julie (en 12 chapitres) vise juste et réussit là où beaucoup ont échoué. Élégant et inspiré, l’ensemble ne faiblit pas et n’est jamais prétentieux ou supérieur, malgré un sujet qui semble polariser ces derniers qualificatifs. Le long-métrage de Joachim Trier confirme son talent, où sensibilité et maîtrise nous offrent un des plus sérieux concurrent à la Palme cette année.

4

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