Critique de Kong Skull Island : le retour du roi

Promo axée sur les références à Apocalypse Now, musique rock des 70’s, bandes annonces rythmées et pop: Kong Skull Island a engendré des attentes importantes et surtout complètement inattendues depuis sa présentation au Comic Con de San Diego à l’été dernier. D’autant plus venant d’un réalisateur à l’oeuvre plutôt confidentielle.

Mais ce King Kong dépasse-t-il la stade du simple effet d’annonce ? Ou est-ce un énième blockbuster sans âme ?

Un groupe d’explorateurs plus différents les uns que les autres s’aventurent au cœur d’une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu’ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong…

Le roi est mort, vive le roi

Kong Skull Island a la lourde tâche d’arriver après le King Kong de Peter Jackson et pas moins de 7 précédents films. Pas facile donc d’arriver à trouver son propre univers et de se démarquer de ses prédécesseurs tout en restant fidèle au mythe. Mais le moins qu’on puisse dire est que de ce coté là le pari est plutôt réussi: fini le mythe de la belle et la bête version primate, on est ici face à un véritable blockbuster et ce qui l’accompagne. Un Kong géant, des touches humoristiques, des scènes d’actions impressionnantes mais également un scénario plutôt vide et des personnages terriblement creux (certaines mauvaises langues diront que c’est la définition du genre).

Jordan Vogt-Roberts signe ici son 2ème film (après The Kings of Summer) et alors qu’il s’est principalement illustré dans la réalisation d’épisodes de séries TV c’était donc un pari risqué de la part de Warner de lui confier ce Kong à pas moins de 190 millions de dollars de budget. Avec ce film qui s’inscrit en préquel du Godzilla de 2014 réalisé par Gareth Edwards (maintenant vénéré par les fans de Star Wars pour son Rogue One) la Warner lance officiellement sont « MonsterVerse », univers de films de monstres qui se prolongera avec Godzilla 2 en 2019 et débouchera sur King Kong VS Godzilla en 2020.

Monstrueusement impressionnant

A l’inverse du Godzilla de 2014 qui prenait son temps avant de dévoiler son Kaijū l’apparition de Kong ne se fait pas attendre et offre dix minutes de combats dantesques, stylisées à souhait et aux effets spéciaux plus qu’impressionnants. Kong n’aura jamais été aussi imposant et son extraordinaire taille offre des possibilités de mises en scènes infinies et Jordan Vogt-Roberts l’a bien compris.

Si Kong : Skull Island marque les esprits c’est bien grâce à ses visuels forts, références à Apocalypse Now mais pas que. En effet le film dispose de véritables scènes clés, marquantes et différentiables : ce qui lui permet de passer le simple stade du blockbuster lambda et de s’ancrer dans les esprits des spectateurs. Que cela soit le premier combat de Kong face à l’armée d’hélicoptères ou la scène, assez surprenante, des araignées. Le film adopte ses propres codes et le réalisateur a une véritable vision du personnage de Kong. Une vision de domination sur les personnages mais avant tout sur nous, les spectateurs, et l’équipe d’ILM (effets visuels) a su transposer cette vision à la perfection.

Démesurablement vide

Mais si le film excelle dans le gigantisme et le spectaculaire, il soufre d’un scénario terriblement bancal et de personnages mal écrits et pour la plupart totalement inutiles et interchangeables. Le film se dote pourtant d’une équipe de rêve: Tom Hiddleston, Brie Larson, John Goodman, Samuel L. Jackson , John C. Reilly et Jing Tian. Mais ce casting 5 étoiles est complètement sous exploitée: en essayant de développer chaque personnage on se retrouve avec un ensemble lisse, superficiel qui ne réveille aucun sentiment chez le spectateur.

C’est malheureusement souvent le cas dans ce genre de blockbusters où l’action prend le dessus sur l’humain, sur l’émotionnel (même si le récent Logan prouve le contraire). Une scène particulière incarne cette écriture paresseuse: plutôt que d’écrire un monologue puissant pour défendre Kong on interrompt le personnage de Brie Larson, en train de le défendre, avec un « ta gueule » (véridique) et son discours s’arrête brutalement…

Terriblement divertissant

Malgré des problèmes d’écriture évidents, le spectaculaire prend le dessus et le blockbuster l’emporte. Scènes d’action prenantes, effets visuels saisissants: tous les éléments sont réunis pour en faire le divertissement attendu. La bande originale accompagne parfaitement ce sentiment de gigantisme qui pèse sur la totalité du film et même si elle n’a rien de particulièrement marquante les morceaux rock des années 70 éparpillées dans le film lui donne un coté pop et décontracté. Mais à certains moments cette (sur)abondance de scènes stylisées donne un coté très vidéo-ludique au film qui pourra en décourager certains.

S’inscrivant dans un nouvel univers et revisitant le mythe de Kong à sa manière, ce Kong : Skull Island s’avère maladroit sur les thématiques qu’il aborde et souffre de véritables problèmes d’écritures, mais bizarrement ces défauts, pourtant nombreux, se font vite oublier une fois l’action engagée. Le spectateur se retrouve embarqué dans 2h de combats, d’explosions, de tensions… et même si le film combine une grande partie des clichés du genre il excelle à sa manière dans un film de monstres qui modernise le genre. Tout dépendra, au final, de ce que le spectateur attend du film et s’il est clair qu’il ne pourra pas satisfaire tout le monde il mérite qu’on lui laisse sa chance en tant que divertissement réussi, mais il ne faudra pas lui en demander bien plus.

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  1. La Bande-annonce est une vraie bouillie numérique. Grosse part des capitaux provenant de Chine. J’irai serrer la patte de Kong, car c’est probablement drôle et divertissant,mais pas dans l’immédiat. Des films plus intéressant en priorité.

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