Forte d’un bestiaire fantastique et d’une littérature de genre riche, la France souffre malheureusement d’un manque de représentation dans le cinéma de science-fiction. Contrairement au polar ou à l’horreur qui jouissent de beaux représentants (passés ou plus actuels), la SF « made in France » peine à se frayer un chemin jusqu’aux salles. Les écrits de Jules Verne, Le Voyage dans la Lune de Méliès, les bandes dessinées Métal hurlant, La Planète sauvage, Barbarella ou l’univers de Jeunet et Caro semblent alors bien loin…
C’est sans compter sur Romain Quirot qui, après un projet remarqué au Nikon Film Festival et une multitude de courts-métrages, se lance dans la réalisation d’un film plus conséquent. Véritable bourreau de travail, il dit enchainer la quantité au profit de la qualité. Le défi est alors immense : un premier long-métrage, difficile à financer, victime d’une frilosité de bon nombre de producteurs et qui doit synthétiser l’imaginaire foisonnant de son auteur. Mais c’est pourtant chose faite avec Le Dernier voyage !
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Dans un futur proche, une mystérieuse lune rouge est exploitée à outrance pour son énergie. Alors qu’elle change brusquement de trajectoire et fonce droit sur la Terre, Paul W.R, le seul astronaute capable de la détruire, refuse d’accomplir cette mission et disparaît. Traqué sans relâche, Paul croise la route d’Elma, une adolescente au tempérament explosif qui va l’accompagner dans sa fuite.
Un choc visuel et sonore
Il est frappant, voire même impressionnant de constater une telle qualité visuelle et sonore, surtout pour un premier long-métrage. Limité dans son budget et donc forcément bridé dans le développement de son univers, Romain Quirot a tout de même réussi, et ce n’est pas chose facile, à proposer un environnement cohérent, à la plastique impressionnante. C’est un amoureux de l’artisanat qui privilégie les effets pratiques à la 3D sur fond-vert ! Une véritable matérialité s’en dégage par instant, renforçant le coté old-school de ses références. La limite des effets spéciaux reste un vieillissement anticipé là où le matte painting ou les décors réels ancrent le film dans une réalité palpable et immortelle.
Bien évidement, bon nombre d’effets sont numériques, mais suffisamment réussis pour créer un tout cohérent. De plus, l’ingéniosité de la mise en scène parvient à gommer les limites budgétaires sur certaines séquences. Une économie qui permet de réelles fulgurances, tout simplement époustouflantes. Ce minimalisme dans les décors renforce d’autant plus le récit et ses enjeux. En voyant des plaines arides où se côtoient reptiles et vestiges du passé, le spectateur a du mal à imaginer que ce décor post-apocalyptique n’est autre que la France. L’impact est d’autant plus important lors du premier plan, où la tour Eiffel jonche un immense désert.
Fable écologique référencée
À la sortie des différents visuels et bandes-annonces, certains craignaient une coquille vide, plus référentielle qu’originale. Et pourtant, Le Dernier voyage propose une vision d’auteur française à bien des égards. De petits détails comme des unes de Courrier international à des musiques de variétés, Romain Quirot tient à insuffler des éléments qui nous rapprochent de l’hexagone. Des éléments qui servent une fable écologique et poignante sur la cupidité de l’homme et son auto-destruction. La lune rouge apparait alors comme une épée de Damoclès planant sur l’humanité, et synthétise tous les problèmes écologiques actuels. De l’épuisement des ressources à la recherche de solutions inutiles voire dangereuses, l’Homme est sa propre gangrène.
Malgré ces enjeux planétaires, l’histoire qui lie les deux frères W.R parvient à tisser un lien touchant entre l’intime et le grandiose. Une intimité également présente avec Elma, partenaire de voyage bien malgré elle. Réelle révélation du film, l’actrice Lya Oussadit-Lessert noue la gorge du spectateur dans des instants de tension mais également de tendresse absolue. C’est notamment le cas lors d’une séquence de cinéma, non sans rappeler celle de Soleil Vert, où tous deux contemplent le monde d’avant par le biais d’un documentaire. Une transmission de l’aîné au benjamin teintée d’innocence, malgré la mort pesante et omniprésente qui les entoure.
Le pari était risqué mais Romain Quirot s’en sort non sans honneur ! Même si ses influences sont parfois trop présentes (Mad Max, Blade Runner, Drive, Star Wars, Soleil Vert), il arrive à y insuffler un folklore français plus que bienvenu. Et alors que certains producteurs pensent que la France ne sait pas faire de science-fiction, la réponse apportée par ce jeune réalisateur montre qu’avec des idées, de l’ingéniosité et un amour du pratique, on peut y arriver ! Avec ce terreau propice au cinéma de genre, ce beau pied de nez promet donc une suite de carrière encourageante et pleine de promesses.
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