Critique de Solo : a Star Wars story

Service minimum

Un film de
Ron Howard
Sortie
23 mai 2018
Diffusion
Cinéma

Chaotique serait le meilleur mot pour décrire l’existence même de Solo : a Star Wars story : duo de réalisateurs virés à la moitié du tournage, prestation d’acteur catastrophique obligeant la production à recruter un coach d’acteur en urgence, parachutage de Ron Howard sur le projet pour sauver les meubles…

Difficile d’envisager un résultat ou un avenir radieux après un tel enchaînement d’événements et pourtant Ron Howard, initialement envisagé pour réaliser La Menace fantôme, a réussi à terminer son film près d’un mois avant la sortie, fait déjà rare pour un blockbuster mais encore plus impressionnant dans le cas de Solo, l’horizon s’est-il finalement éclairci pour notre contrebandier préféré ?

Embarquez à bord du Faucon Millenium et partez à l’aventure en compagnie du plus célèbre vaurien de la galaxie. Au cours de périlleuses aventures dans les bas-fonds d’un monde criminel, Han Solo va faire la connaissance de son imposant futur copilote Chewbacca et croiser la route du charmant escroc Lando Calrissian… Ce voyage initiatique révèlera la personnalité d’un des héros les plus marquants de la saga Star Wars.

Sauvetage intergalactique

Comment ? Par quel tour de magie Ron Howard à-t-il réussi un tel sauvetage ? Difficile à dire mais le résultat, lui, est bien là et Solo : a Star Wars story est à des parsecs du désastre pourtant attendu… Loin d’être exempt de défauts, le dernier né de la plus grande saga du cinéma fonctionne principalement par l’alchimie entre ses caractères : les plus connus, Han Solo, Chewbacca, Lando Calrissian mais également les nouveaux comme Qi’ra, L3-37 ou encore le personnage de Woody Harrelson, Tobias Beckett.

En effet, avec une structure narrative des plus classiques et une écriture qui l’est tout autant le film ne marquera certainement pas par son originalité ni son développement des personnages, faible ou inexistant pour certains. Mais il ne manquera pas de procurer un attachement immédiat à ces personnages qui gagnent paradoxalement en sympathie de part leur écriture plutôt bancal et leurs contradictions qui jouent finalement en leur faveur grâce à un casting de qualité.

Mélange réussi de film de braquage, de western et de buddy movie Solo : a Star Wars story ne se veut à aucun moment concurrent de la saga principale et assume entièrement son statut de spin off « décontracté ». Ron Howard nous offre une réalisation des plus classiques mais qui marque pas certaines fulgurances comme la scène d’ouverture sortie tout droit du très bon Rush ou encore le voyage mouvementé du Faucon Millenium dans le maelström.

Naufrage contrôlé

Malgré toute la bonne volonté de Ron Howard et de ses scénaristes, Lawrence (déjà à l’oeuvre sur l’Empire contre-attaque) et Jonathan Kasdan, Solo manque cruellement d’enjeux et de profondeurs. Il est difficile de créer un passé à un personnage si connu qu’Han Solo tout en respectant la chronologie et l’intégrité de l’univers autours de lui et les scénaristes l’ont bien compris : sans être fondamentalement mauvais le scénario ne semble jamais prendre de risques, il ne prend pas parti et laisse finalement le spectateur très éloigné de ce qui peut arriver à l’écran. Créant un écart important entre l’empathie suscitée par les acteurs et le fond de leurs personnages…

Mais si Solo peine par son scénario et sa réalisation il est transcendé par une photographie terrassante et une bande originale spectaculaire. Il est évident que Bradford Young, qu’on a récemment vu à la photographie de Premier Contact, ne manquera pas de diviser pour son travail sur le film, principalement basé sur un travail d’ombres et de contres jour… Mais pour la première fois depuis longtemps dans un blockbuster de cette ampleur la photographie nous raconte une histoire, évoluant de plus en plus de l’ombre à la lumière au fur et à mesure du long métrage… Nous offrant de véritables pépites visuelles et complètement inattendues (la scène dans le maelström restera sans aucun doute dans l’histoire de Star Wars)

Pour accompagner ces visuels foudroyants il nous fallait une bande originale qui l’était tout autant et c’est John Powell, compositeur chevronné derrière l’excellente BO de Dragons, qui s’en est chargé, offrant une des plus grandes bande originale de la saga. Sans tenter d’imiter le travail de John Williams il le pousse encore plus loin et donne une véritable identité sonore qui existe en tant que tel, une véritable et agréable surprise !

Solo : a Star Wars story est une surprise : loin, très loin, du désastre attendu il est visuellement terrassant et malgré une réalisation et un scénario des plus classique mélange habilement buddy movie, film de casse et western. Le manque d’enjeu et de développement dessert son casting pourtant exemplaire mais ne gâche pas ce plaisir simple mais honnête qu’est le visionnage de Solo : a Star Wars Story

3.5

Latest Reviews