La clarté des guirlandes chatouillant les vitres, l’odeur de sapin accompagné de sa bûche glacée et le traditionnel top de fin d’année. C’est ce rituel qui berce nos rédacteurs à l’arrivée de janvier. En cette année 2020 si particulière les films nous ont accompagnés, sans faille. Le cinéma dans toutes ses formes a mérité, plus que jamais, de lui faire honneur à travers l’éclat qu’il n’a cessé d’entretenir durant ces longs mois.
Car si les salles ont baissé le rideau les films n’ont cessé de nous émouvoir, de nous impressionner, de nous faire pleurer et rire malgré tout. Ancrés dans une réalité digne des scénarios hollywoodiens, ces souvenirs de cinéma en sont d’autant plus imprégnés. Comment ne pas penser au premier confinement lorsqu’on évoque La Plateforme, à la réouverture des salles pour Tenet ou à Adieu les cons, dont le destin a été brisé en plein vol lors de la re-fermeture. L’année a été riche, peut-être même plus que d’habitude grâce à ces films aux destins singuliers.
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Le plaisir de s’installer à nouveau sur de beaux sièges en velours rouge attendra, tout comme ce lointain défilé de stars sur les toiles tendues. Tout en espérant qu’une page plus joyeuse se tourne, il est temps de célébrer le meilleur de l’année passée.
Le top de la rédaction
10. Adolescentes
Un projet dantesque : filmé sur cinq ans avec des centaines d’heures d’enregistrements à la clé. Et au final, un double portrait de deux amies dans la France en dehors des métropoles. À la fois intime mais jamais voyeuriste, démonstration sociologique sans être académique, c’est un modèle de documentaire par le réalisateur expérimenté Sébastien Lifshitz. Une œuvre majeure du genre.
9. Adieu les cons
Adieu les Cons est un nouveau témoin de la créativité comme de la profonde poésie de son créateur. Renouant avec la thématique anti-système chère à Dupontel, le film est une montagne russe d’émotions, alternant les moments de comédies disséminés sur une grande toile sombre d’aliénation de l’individu, ce qui le rend profondément humain, car ambivalent. La mise en scène est inventive, le casting est excellent, son grand ami Terry Gilliam a dû apprécier l’hommage. Il y a eu Les Temps Modernes, il y a eu Brazil, et maintenant il y a Adieu les Cons.
8. Kajillionaire
Des personnages atypiques, une réalisation qui l’est tout autant et l’histoire d’une famille qui ne ressemble à aucune autre. Mais aussi des douleurs et des faiblesses qui montrent que l’amour des siens est essentiel à notre vie. Kajillionaire est un éloge à notre cercle restreint, à notre petite dose d’affection quotidienne, avec son récit touchant et porteur de beaux messages.
7. L’Extraordinaire Mr. Rogers
Si le relatif anonymat de Fred Rogers en France minimise la portée historique du film de Marielle Heller, L’Extraordinaire Mr. Rogers est un bijou d’écriture questionnant avec pertinence notre rapport à l’innocence et à la bonté, dans une société où l’hypocrisie rôde. En utilisant un journaliste cynique, à première vu unidimensionnel, elle renverse le ton du film et se permet des véritables scènes expérimentales où le spectateur est placé au cœur de la réflexion. Taillé sur mesure pour Tom Hanks, le rôle de Mr. Rogers lui permet une introspection sur sa propre image, touchant de sincérité. On en ressort le cœur allégé et les larmes aux yeux.
6. Soul
Sorte d’hybride entre Coco et Vice-versa, Soul émeut dans sa réflexion sur la vie, les raisons de l’aimer et les locomotives qui nous font aimer la notre. La passion, les rencontres, voire l’allégresse d’une simple expérience humaine, font du dernier Pixar un réel cocon bienveillant dans lequel il est agréable de se blottir.
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5. Uncut Gems
Avec un Adam Sandler absolument merveilleux, Uncut Gems est un ascenseur émotionnel où aucun temps-mort n’est accordé au spectateur. Bruyant, violent, épileptique, aveuglant : le dernier film des frères Safdie est sûrement l’expérience la plus éprouvante de cette année 2020. Quand le film finit, on est partagé entre le soulagement et l’étrange envie d’y retourner. Uncut Gems n’est ni plus ni moins qu’une immense expérience de cinéma.
4. Été 85
Une histoire honorée par sa simplicité et son unicité. C’est une belle illustration des douleurs et des beautés de l’amour pour les jeunes adultes. Sans prétention, cette union de deux jeunes hommes nous fait voyager vers des hauts et des bas, dans la plus grande pureté et pudeur d’une relation amoureuse de jeunesse. La beauté de la narration de ce véritable journal intime peut donner espoir de vivre de belles aventures avec d’autres, ainsi que d’accepter leur départ… Dans l’espoir, souvent caché mais certain, que d’autres aventures nous attendent.
3. Waves
Pour raconter l’histoire d’une famille sous pression qui s’effondre et apprend à vivre avec la souffrance, le film déploie un arsenal de procédés cinématographiques incroyablement puissants. Les plus marquants étant sans doute les changements d’ambiance et de format qui, en plus de toujours refléter au mieux l’état émotionnel des personnages, constitue une véritable rétrospective de l’imagerie américaine, du clip au mumblecore. Ce grand écart entre les extrêmes de l’image est au service d’un magnifique drame sensible, de performances à fleur de peau et, en somme, d’un grand film.
2. Jojo Rabbit
Fable critiquant l’embrigadement fasciste à travers les yeux d’un enfant. À la fois charmant et intelligent dans ses visuels qui tournent en dérision l’imagerie nazie. Porté par des performances absolument géniales de tout le casting, par son univers haut en couleur et son rythme sans défaut, c’est un plaisir aigre-amer plein de tendresses, de vie mais aussi d’angoisses constructives. Face à l’horreur et la violence du nazisme, le parti pris de la fable enfantine est audacieux mais c’est une brillante réussite dans la lignée de Mel Brooks ou Charlie Chaplin.
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1. Drunk
Si l’exercice de ne pas tomber dans un énième film sur l’hubris était périlleux, force est de constater qu’il est réussi, et d’une main de maître. Fantasque mais élégant, le film est une œuvre intelligente qui ne mord jamais la ligne de la moralisation, mais qui pour autant ne dédramatise pas la question de l’alcoolisme. Et si Mads Mikkelsen brille bien évidemment dans le premier rôle, c’est en vérité à tout le casting qu’il faudrait rendre honneur, tant cette joyeuse bande de dingues a réussi l’espace d’un instant à nous faire oublier cette terrible année.
Le top de Quentin Le Gohic
10. Dick Johnson Is Dead
La fiction a souvent emprunté aux documentaires, dans sa narration évidemment mais encore plus fréquemment à travers son approche organique de la réalisation. Alors, quand Kirsten Johnson décide de filmer les morts fictives de son père à travers l’objectif de sa caméra, la démarche peut surprendre, voire choquer. En résulte pourtant une œuvre à la puissance cathartique et émotionnelle extraordinaire, enrobée d’une candeur bienveillante.
9. Color out of Space
Adapté du livre d’H.P. Lovecraft, Color out of Space marque le retour de Richard Stanley derrière la caméra, 30 ans après Hardware. Avec la lourde tâche de mettre en image une couleur invisible pour l’être humain, rien que ça. Mais son étrangeté assumée, le film déploie les meilleurs éléments d’une série B réussie, avec sa part de non-sens et son gore assumé. Nicolas Cage semble taillé pour son personnage qui gagne en profondeur par l’absurdité sans limite de son jeu d’acteur. Un plaisir non coupable qui atteint des sommets dans son final grandiose.
8. Été 85
Attendu comme une parenthèse enchantée à notre propre vie, Été 85 annonce dès les premiers instants son intention dramatique. Véritable histoire d’amour de cinéma, le film déroule le tapis rouge aux deux révélations françaises de l’année : Benjamin Voisin et Félix Lefebvre. De cette rencontre naît deux destins brisés à l’histoire tragique, magnifiés par l’œil de François Ozon qui nous offre un film touchant de sincérité à travers son imagerie douce-amère.
7. Drunk
La réussite du dernier film de Thomas Vinterberg vient de cette aisance à transposer l’humour existentialiste aux codes du buddy movie. Loin d’être une ode à l’ivresse ou à son contraire, Drunk est transporté par son énergie folle. Son montage chapitré par les résultats d’alcootest insuffle un coté ludique, proche de l’expérience qui est vécue par le personnage de Mads Mikkelsen. Il est une nouvelle fois ravageur dans la peau d’un prof un peu trop coincé qui bascule, pour le plus grand plaisir de ses élèves et non celui de son foie.
6. Boys State
Si l’actualité politique se suffit d’elle-même à se qualifier de spectacle, Boys State transforme l’ascension politique en véritable match sportif. Le documentaire suit le parcours de 1.100 adolescents texans qui ont quelques jours pour s’organiser en parti, construire un programme, organiser une campagne et enfin être élus. En cherchant à comprendre de l’intérieur le fonctionnement de cet évènement pas comme les autres, le film en est haletant et passionnera autant les férus de politique que les non-initiés.
5. Jojo Rabbit
L’histoire d’une amitié imaginaire entre un enfant de dix ans et Hitler, ça vous donne envie ? Dans la digne lignée de son humour absurde déjà bien propulsé par Vampires en toute intimité, Taika Waititi nous offre la comédie de l’année. À la fois bouleversant et hilarant, Jojo Rabbit vise juste quand il utilise l’innocence de l’enfance pour illustrer la violence de son environnement, et par la même occasion celle des hommes.
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4. Uncut Gems
Aussi nerveux qu’enragé, le dernier film des frères Safdie assomme. Embarqué dans une quête violente et sanguine d’une opale rare Adam Sandler en déroutera plus d’un, d’autant plus que la bêtise de son personnage peut vite agacer. Mais la puissance transmise par le film impressionne, comme Good Time avant lui. La comparaison avec le travail de Scorsese est évidente, mais le film a en lui quelque chose de profondément actuel dans sa recherche de l’image brute.
3. Soul
Source d’angoisse et vaste question philosophique, la recherche d’un but et d’une carrière a souvent éclipsée l’importance de la passion et de l’art dans notre vie. Là où Soul touche en plein cœur, c’est dans sa pertinence à aborder la simplicité de l’existence et ses interactions les plus complexes avec la notion de bonheur. La recherche de celui-ci dans l’accomplissement de nos rêves est propulsée par une bande originale planante, mélangeant jazz et le travail toujours aussi singulier de Trent Reznor et Atticus Ross, aussi à l’œuvre sur Mank.
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2. Waves
Avec le sublime Waves, Trey Edward Shults confirme son ascension et nous offre une œuvre d’une densité exceptionnelle. Si certains le trouveront tape-à-l’œil par instant, le film est traversé par un souffle de grâce, réussissant avec brio à tirer le meilleur d’un scénario bouleversant et profondément humain. Sa caméra se pose sur ses personnages avec une pudeur rappelant le travail de Sam Levinson sur Euphoria. Sa construction, à première vue simple, lui donne une portée universelle à travers un casting renversant. La beauté à l’état pur.
1. L’Extraordinaire Mr. Rogers
Si le relatif anonymat de Fred Rogers en France minimise la portée historique du film de Marielle Heller, L’Extraordinaire Mr. Rogers est un bijou d’écriture questionnant avec pertinence notre rapport à l’innocence et à la bonté, dans une société où l’hypocrisie rôde. En utilisant un journaliste cynique, à première vue unidimensionnel, elle renverse le ton du film et se permet de véritables scènes expérimentales où le spectateur est placé au cœur de la réflexion. Taillé sur mesure pour Tom Hanks, le rôle de Mr. Rogers lui permet une introspection sur sa propre image, touchant de sincérité. On en ressort le cœur allégé et les larmes aux yeux.
Le top de Baptiste Duminil
10. Le Vélocipastor
The Velocipastor est un film proprement unique. C’est l’histoire d’un pasteur endeuillé qui se retrouve maudit et utilise ses super-pouvoirs de raptor-garou pour combattre le crime et les ninjas. Entièrement sans effet numérique malgré son pitch extravagant, les détours que prend cette parodie de film d’exploitation pour représenter ses folles fantaisies lui font parfois frôler le cinéma expérimental. Hilarant, inventif, unique et génialement débile, c’est une délicieuse tranche de joie et de dérision.
9. Ema
Ema est peut être le film le plus intense de l’année. Derrière une narration qui semble décousue, il y a une histoire terrible entre des personnages qui se détestent, dans un monde où l’amour et la haine se confondent. Incroyablement malsain dans son histoire et puissant dans ses visuels, dans une mise en scène et un montage chorégraphique parfois à la limite de l’abstraction, c’est l’enfer fait film. Pablo Larrain nous montre ce qui ne pourrait être dit sur la destruction, la haine, le trouble, mais aussi l’attachement passionnel et la sororité.
8. Les Héros ne Meurent Jamais
Coup de cœur à Cannes 2019, brièvement sorti en salles en 2020, Les Héros Ne Meurent Jamais est un documenteur road movie à travers une Bosnie qui porte encore les cicatrices des guerres. Une réalisatrice accepte d’y emmener un ami à la recherche d’une potentielle vie antérieure, dans un voyage au croisement entre le drame personnel et historique. Intelligent dans sa forme originale, superbement joué notamment par Adèle Haenel, et incroyablement touchant, c’est un petit bijou très indépendant qui nous aide à penser à ce que le cinéma peut faire pour les morts qu’on aime.
7. Un Pays qui se Tient Sage
Le cinéma peut être un moyen d’évasion, un moyen de s’extraire du monde et de ses soucis, mais il peut aussi être une arme et un outil formidable pour confronter le réel. Un Pays Qui Se Tient Sage par le journaliste David Dufresne revient sur les violences policières dans les mouvements sociaux ces dernières années via les images qui nous ont marqués, et les confrontent à des personnalités importantes. Malgré ses angles morts, le visionnage est un exercice citoyen parfois pénible vu la violence des images, mais indispensable. Le dispositif sert parfaitement l’entreprise et le film soulève tellement de questions qu’on a trop longtemps évitées. C’est une expérience intense et démoralisante mais tellement importante.
6. Adieu les cons
Dans toute sa carrière de réalisateur, Albert Dupontel a construit un univers décalé et l’a mis au service de ses thèmes, notamment la parentalité et ses difficultés. Il atteint les sommets de son style dans Adieu les cons. Des personnages hauts en couleur engagés dans une quête riche en émotions filmée avec inventivité et fantaisie… Au bord du réel, entre le comique et le tragique, c’est un équilibre virtuose, vraiment beau et touchant. Le film est d’ailleurs dédié au regretté Terry Jones des Monty Python ce qui, avec une apparition de Terry Gilliam, confirme la juste filiation avec les géniaux comiques anglais et leurs brillants films.
5. Waves
Pour raconter l’histoire d’une famille sous pression qui s’effondre et apprend à vivre avec la souffrance, le film déploie un arsenal de procédés cinématographiques incroyablement puissants. Les plus marquants étant sans doute les changements d’ambiances et de formats qui, en plus de toujours refléter au mieux l’état émotionnel des personnages, constituent une véritable rétrospective de l’imagerie américaine, du clip au mumblecore. Ce grand écart entre les extrêmes de l’image est au service d’un magnifique drame sensible, de performances à fleur de peau et, en somme, d’un grand film.
4. Judy
Le cinéma a la fâcheuse tendance à représenter le Hollywood classique une nostalgie frôlant parfois le fantasme. Judy est le contre-pied total de cette tendance, enfonçant un poignard féroce dans le dos de l’usine à rêve. En représentant la dernière tournée de Judy Garland, icône du cinéma, Judy est un drame d’une grande tristesse sur la décadence d’une idole, l’autodestruction et le traumatisme. Revenant également sur son enfance dans d’incroyables séquences, c’est aussi une critique du traitement des enfants stars et de l’inhumanité de l’âge d’or des studios. Renée Zellweger brille dans ce rôle et sa victoire aux Oscars, bien qu’ironique, est parfaitement méritée. Tout cela nous porte vers un sommet émotionnel insoutenable… Au dessus de l’arc-en-ciel.
3. Be natural – l’histoire caché d’Alice Guy-Blaché
L’expérience que nous offre Be Natural est quelque chose de véritablement unique et précieux. C’est un voyage dans les premiers temps du cinéma, quand tout était à définir, neuf et excitant. C’est aussi la réhabilitation d’une personnalité essentielle trop souvent oubliée. Le film expose un passionnant travail d’enquête sur les traces d’Alice Guy-Blaché, première réalisatrice de l’histoire. La vie et la carrière que cette recherche historique révèle est tout aussi captivante, mais c’est surtout la possibilité de voir ces courts films, ces petites capsules de passion, de fascination et d’inventivité qui rend ce documentaire vraiment magnifique. La combinaison de ce travail important de réhabilitation, et de ces pépites émouvantes des premiers temps donne naissance à un grand documentaire incroyablement inspirant.
2. Jojo Rabbit
Fable critiquant l’embrigadement fasciste à travers les yeux d’un enfant. À la fois charmant et intelligent dans ses visuels qui tournent en dérision l’imagerie nazie. Porté par des performances absolument géniales de tout le casting, par son univers haut en couleur et son rythme sans défaut, c’est un plaisir aigre-amer plein de tendresses, de vie mais aussi d’angoisses constructives. Face à l’horreur et la violence du nazisme, le parti pris de la fable enfantine est audacieux mais c’est une brillante réussite dans la lignée de Mel Brooks ou Charlie Chaplin.
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1. Josep
Il faut connaître notre histoire, aussi sombre et pénible soit-elle. Josep est un splendide élément de cinéma mémoriel. Il raconte l’histoire d’une amitié compliquée entre un artiste ancien combattant antifasciste espagnol ayant fui en France et un de ses geôliers dans le camp où il est retenu par la police française. C’est un film essentiel pour ce qu’il dit de l’histoire, de la captivité, du fascisme et de la résistance à lui opposer. C’est aussi un film incroyablement émouvant sur l’amitié, la souffrance et l’absolue nécessité de l’art comme source de résilience dans les temps troublés et difficiles. C’est enfin un chef-d’œuvre d’inventivité visuelle, repoussant les limites de l’animation à la main pour fusionner son style avec celui de l’artiste qu’il honore.
Le top d’Azucena Lozano Denis
10. L’Extraordinaire Mr. Rogers
Qui de mieux que Tom Hanks pour incarner l’icone bienveillante du petit écran américain, Fred Rogers ? L’acteur, qu’on ne présente plus, y livre une prestation d’une sincérité rare. À la fois profondément optimiste à l’image de son héros et d’une créativité exceptionnelle dans sa réalisation, Mairelle Heller signe une œuvre forte.
9. Kajillionaire
Estampillé Sundance, Kajillionnaire est un ovni à l’image de ses personnages. Entre le drame familial grotesque et la comédie romantique maladroite, le film porte un regard profondément bienveillant sur son personnage principal interprété par Evan Rachel Wood. Un retour à la réalisation pop et lumineux pour Miranda July.
8. The King of Staten Island
Retour du réalisateur culte Judd Apatow après cinq ans d’absence, The King of Staten Island est une comédie douce et amère à la fois. Suivant un homme resté bloqué à l’adolescence et au stade de la colère dans le deuil de son père, le film parvient à changer de ton régulièrement sans tomber dans le mélo. Profondément émouvant.
7. Les Filles du docteur March
L’une des adaptations les plus réussies et ambitieuses de ces dernières années. Une œuvre réconfortante, touchante et qui a su tirer le meilleur parti de sa construction en deux temps ainsi que de l’essence du roman de Louisa May Alcott. Le quatuor d’actrice de tête interpelle par sa justesse et Greta Gerwig maîtrise au mieux sa réalisation.
6. 1917
Si le pari d’un plan séquence sur le front de la Première Guerre mondiale a déjà fait beaucoup parler de lui, ce n’est pas ce qui devrait seulement rester du long-métrage de Sam Mendes. Récit poignant aux séquences alternant entre tension pure et poésie contemplative, il propose un regard nouveau dans la longue lignée des films de guerre. George MacKay est bluffant.
5. Nina Wu
Sélection Un certain regard au Festival de Cannes 2019, ce thriller taïwanais marque une nouvelle collaboration entre le réalisateur Midi Z et l’actrice Wu Ke-xi, qui fait cette fois-ci aussi office de scénariste. Rendant le spectateur témoin de la violence infligée aux femmes dans le milieu du cinéma, le film enchaîne les séquences glaçantes avec une mise en scène soignée. Une réussite.
4. Jojo Rabbit
Il ne fallait personne d’autre que Taika Waititi pour constituer une œuvre drôle et émouvante en partant d’un postulat aussi dérangeant. Pari réussi ! Profondément grinçant mais aussi optimiste, Jojo Rabbit parvient à utiliser au mieux les outils de la comédie pour en faire un long-métrage d’une force rare.
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3. Adolescentes
Un projet dantesque : filmé sur cinq ans avec des centaines d’heures d’enregistrements à la clé. Et au final, un double portrait de deux amies dans la France en dehors des métropoles. À la fois intime mais jamais voyeuriste, démonstration sociologique sans être académique, c’est un modèle de documentaire par le réalisateur expérimenté Sébastien Lifshitz. Une œuvre majeure du genre.
2. Drunk
La pépite inattendue de cette année. Si Drunk porte avant tout un message fort sur l’alcool comme son titre l’indique, il fait également un portrait sensible de son quatuor de quinqua, dont Mads Mikkelsen prend la tête haut la main. L’écriture d’une grande finesse porte un propos tout en nuance des plus efficaces et des plus justes. La bande-originale est un régal.
1. Waves
Un film débordant : d’idées de réalisation, de rythme, de lumière, de musique mais aussi d’émotions. À la fois audacieux dans la forme et profondément humain dans son scénario, impossible de le comparer à une autre œuvre de cinéma. Porté par des acteurs exceptionnels, on retiendra particulièrement Taylor Russell, une révélation à suivre.
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10. Adieu les cons
3 ans après le césarisé Au revoir là-haut, Albert Dupontel revient aux origines de son cinéma en nous offrant une fable revigorante et visuellement impeccable accompagnée de touches comiques toujours parfaitement maîtrisées. On lui reprochera peut-être une histoire parfois bancale, mais qui finit par n’être qu’une petite fausse note dans un métrage vivifiant au possible. Et en cette année difficile, Adieu les cons fait du bien ; beaucoup de bien.
9. Play
Sorti en tout début d’année 2020, Play est à première vue un projet extrêmement simple : un found footage retraçant 25 années de la vie d’un jeune garçon. Et au final, Play n’a pas la prétention d’être plus que ça, car le troisième long-métrage de Anthony Marciano est avant tout une fresque touchante et universelle, où chacun d’entre nous pourra y retrouver une partie de lui-même.
8. Petite Fille
Deuxième documentaire de l’année pour Sébastien Lifhshitz, Petite Fille raconte le périple difficile d’une petite fille transgenre. Jamais tire-larmes, le film démontre à quel point l’être humain peut être cruel envers ce qu’il ne souhaite pas comprendre. Finalement, Petite Fille est avant tout le cri d’alarme d’une mère dévouée à l’avenir de sa fille. C’est touchant, terrifiant, et porteur d’un message suffisamment important pour ne pas pouvoir être ignoré.
7. Adolescentes
Si Petite Fille était déjà bouleversant, Sébastien Lifshitz avait fait encore mieux quelques mois plus tôt avec Adolescentes, un projet d’une démesure à toute épreuve. En suivant deux adolescentes, de leurs années collège jusqu’au départ du nid familial, Adolescentes se place dans la lignée du Boyhood de Richard Linklater ou plus récemment du Play d’Anthony Marciano cité plus haut. Et pourtant, Sébastien Lifshitz fait encore mieux que ses collègues cinéastes, en délaissant les studios pour se rendre directement dans l’intimité de deux adolescentes. Avant d’être 5 années de tournage, Adolescentes représente 5 années que chaque spectateur est amené à vivre.
6. Drunk
Précédemment dans ce top, nous avons surtout abordé des films vivifiants, et le nouveau long-métrage du réalisateur danois Thomas Vinterberg s’inscrit largement dans cette lignée. Ode à la beuverie ne tombant jamais dans la caricature, Drunk nous confirme deux choses : l’alcool est à consommer avec modération et Mads Mikkelsen est un talent à consommer sans la moindre modération.
5. 1917
Après la déception Spectre, Sam Mendes revenait dans les salles avec de grandes ambitions : un plan séquence de 2h suivant le parcours de deux jeunes soldats durant la Première Guerre mondiale. Bien que cette promesse de plan-séquence soit surtout marketing, 1917 est bien plus qu’une simple prouesse technique. Sublimée par la photographie de Roger Deakins, 1917 est un récit à hauteur d’hommes où l’immersion n’a jamais été aussi éprouvante.
4. Été 85
Été 85 est loin d’être un projet mineur dans la filmographie de François Ozon. Ressemblant étrangement à un premier film, c’est effectivement une histoire qui aura suivi Ozon durant une grande partie de sa carrière, et cela se ressent dès les premières minutes du film : tourné entièrement en Super 16, le grain de cette pellicule si particulière symbolise parfaitement la tension d’un banal amour d’été. Mention spéciale pour la performance remarquable de Félix Lefebvre et la révélation française de cette année, Benjamin Voisin, déjà présent dans La Dernière vie de Simon, énième réussite française de cette année.
3. Madre
Rodrigo Sorogoyen prouve une nouvelle fois que le cinéma espagnol regorge de réalisateurs et réalisatrices de talent. Après les deux pépites que sont Que dios nos perdone et El Reino, Sorogoyen nous conte l’histoire d’une mère endeuillée par la mort de son jeune fils. Portée par la merveilleuse Marta Nieto, Madre prouve une nouvelle fois le génie de mise en scène du réalisateur. Avec Madre, Sorogoyen continue de perfectionner son cinéma d’année en année, et on trépigne déjà d’impatience de voir sa prochaine réalisation.
2. Jojo Rabbit
Pour l’un, Jojo Rabbit est une comédie noire sur le nazisme et sur son fanatisme. Pour l’autre c’est un drame sur un tragique moment de notre histoire. De toute évidence, chacun pourra trouver son bonheur dans le dernier long-métrage de Taika Waititi, car c’est bien ce qui fait sa force : sans jamais s’enfermer entièrement dans un énième drame sur le nazisme, le film parvient à jouer avec un humour noir toujours bien dosé et parfaitement porté par un casting impeccable de bout en bout.
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1. Uncut Gems
Le film en tête de ce classement est violent. Mais d’une violence dans son sens le plus plaisant. Avec un Adam Sandler absolument merveilleux, Uncut Gems est un ascenseur émotionnel où aucun temps-mort n’est accordé au spectateur. Bruyant, violent, épileptique, aveuglant : le dernier film des frères Safdie est sûrement l’expérience la plus éprouvante de cette année 2020. Quand le film finit, on est partagé entre le soulagement et l’étrange envie d’y retourner. Uncut Gems n’est ni plus ni moins qu’une immense expérience de cinéma.
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10. Adoration
Un voyage initiatique au sein duquel l’amour est plus fort que la folie. Fabrice Du Welz n’hésite pas à alterner entre des séquences d’une réalité glaçante et un certain onirisme, rappelant le travail de Bertrand Mandico. Non sans défauts, Adoration arrive par instants à se situer entre le sublime et l’horreur dans un jeu aussi malsain que touchant.
9. Queen and slim
Une énième composante de la nouvelle blaxploitation qui s’avère bien plus intelligente qu’il n’y paraît. Le manque de recul ou une prise de position trop manichéenne restent les risques de cette mouvance, desquels Queen & Slim s’extrait avec brio. À travers un road trip magnifique, il questionne les notions de soutien intra ou extra-communautaires, dans une revisite très contemporaine du mythe de Bonnie & Clyde.
8. La llorona
Jayro Bustamante réalise, avec La Llorona, un petit bijou de cinéma de genre. Les influences de John Carpenter ou George Romero sont visibles mais n’enlèvent rien à la forte charge politique du long-métrage à l’atmosphère enivrante. Véritable huis-clos hypnotique qui nous invite à découvrir la culture et le dialecte guatémaltèque.
7. Les Enfants du temps
Suspension et accélération du temps, ténèbres et lumière, telles sont les alternances des Enfants du Temps, qui propose une fable écologique et touchante. L’innocence de deux enfants dont le destin et les ressentis vont influencer le climat et l’humeur de tout un pays. Même si la subtilité n’est pas de mise, elle est compensée par une poésie et une beauté plastique remarquable.
6. Soul
Sorte d’hybride entre Coco et Vice-versa, Soul émeut dans sa réflexion sur la vie, les raisons de l’aimer et les locomotives qui nous font aimer la notre. La passion, les rencontres, voire l’allégresse d’une simple expérience humaine, font du dernier Pixar un réel cocon bienveillant dans lequel il est agréable de se blottir.
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5. Drunk
Dans une année aussi particulière que celle-ci, Drunk se positionne comme une réelle bouffée d’air frais. Une ode à la beuverie, à la fête, aux étreintes amicales dont on ne ressort pas indemne. Malgré la bonne humeur ambiante, Vinterberg n’hésite pas à y insuffler une portée tragique qui renforce l’évolution de ses protagonistes.
4. Boules de feu : depuis la nuit des temps
Avec Boules de feu : depuis la nuit des temps, Werner Herzog montre qu’il arrive encore et toujours à magnifier ses documentaires avec des images d’une beauté plastique incontestable. Au delà d’explications scientifiques tout sauf pompeuses, le film intimide son spectateur en alternant entre l’infiniment petit et l’infiniment grand. Un voyage à travers le monde tantôt intéressant, tantôt vertigineux ; du grand art.
3. Lux Æterna
Malgré sa courte durée, Lux Æterna est une démonstration d’intelligence et de liberté assez déroutante. Une mise en scène anarchique qui reflète à merveille les difficultés et tensions d’un tournage, saupoudrée d’un message féministe subtil mais tout aussi puissant.
2. Été 85
Petite parenthèse ensoleillée, Été 85 rappelle cette sensation fugace et pourtant si importante des premiers amours, des premières fois, des premières ruptures. Un jeu de séduction dont la complicité des regards et des corps qui se touchent créent une énergie bluffante de sensibilité et d’émotion.
1. Uncut Gems
Un réel shoot d’adrénaline de 2h15 dans lequel les frères Safdie prennent le spectateur à la gorge pour ne plus le lâcher. Un Adam Sandler à contre-emploi dont la performance XXL renforce ce bijou cinématographique éprouvant, jusqu’à un climax final d’une intensité rarement égalée.
Le top de Sarah De Michieli
10. Mulan
Certainement mon Disney Original préféré, et c’est la raison pour laquelle il me tient à cœur d’avoir ce titre dans mon top. Une scénographie et des costumes fabuleux, qui inspirent et valorisent la culture chinoise. Mulan est une héroïne qu’on ne présente plus mais qui mérite d’être revisitée pour la faire vivre. L’histoire demeure relativement fidèle à l’originale.
9. Soul
Encore une fois, Disney sait nous servir et fait vivre notre âme d’enfant avec un film d’animation qui a beaucoup à nous apprendre. Soul est un autre petit univers qui sait nous révéler la beauté et la puissance du monde qui nous entoure, mais aussi de ce que nous sommes. Quel plaisir de s’installer devant un bon Pixar et se laisser porter dans un monde fictif émerveillant et puissant.
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8. First Love, le dernier yakuza
Une réalisation intéressante et une dose de violence non négligeable comme on sait l’apprécier, First Love, le dernier yakuza est une histoire d’amour atypique, certainement irréelle mais qui ne la rend pas moins attirante. Une part de mystère, d’illégalité et de conflits qui appartiennent à un monde caché de la banalité de nos petites journées. Mais dont on peut prendre part quand il s’agit d’un récit aussi bien présentée.
7. Les Traducteurs
Un véritable Cluedo où je n’ai su m’empêcher de m’imprégner de l’enquête et de toute sa dimension. Des acteurs honorables et une histoire unique dont toutes les dimensions m’ont touchée… Malgré une histoire qui nous tient en haleine et qui est très bien orchestrée, la fin mérite certainement plus de tension, avec un dénouement plus recherché plutôt que la manière dont il a été présenté … Mais Les Traducteurs reste un film tout à fait satisfaisant et porteur d’une histoire et d’une dimension qui devrait plus se répandre.
6. Kajillionaire
Des personnages atypiques, une réalisation qui l’est tout autant et l’histoire d’une famille qui ne ressemble à aucune autre. Mais aussi des douleurs et des faiblesses qui montrent que l’amour des siens est essentiel à notre vie. Kajillionaire est un éloge à notre cercle restreint, à notre petite dose d’affection quotidienne, avec son récit touchant et porteur de beaux messages.
5. Tenet
Malgré une narration complexe à cause de sa réalisation difficile, Tenet a largement sa place dans ce top. La profondeur du long-métrage vaut largement plusieurs visionnages, car la fin est essentielle au début et inversement. C’est un film aux multiples dimensions, qui se veut être une véritable énigme aux spectateurs. Et c’est cette part de mystère qui peut être aussi bien fautive de la difficulté à s’imprégner de l’histoire, qu’entièrement responsable de ce besoin du spectateur de vouloir avancer toujours plus loin dans le récit.
4. Waves
Une réalisation fabuleuse avec une colorimétrie surprenante et des changements de cadres qui ont tout leur sens. Des plans contemplatifs admirables avec une composition qui donnent envie de découvrir le monde, malgré une histoire un peu incertaine imprégnée de tristesse, bien qu’elle soit porteuse d’énormément d’espoir. Waves apparaît comme une histoire d’amour avant tout : aussi bien l’amour familiale, l’amour porteur de bonheur et d’ambition, ou un amour destructeur et égoïste. Il ne faut pas simplement se contenter de la trame des histoires qui nous sont proposées dans ce film, mais retenir les belles morales cachées et les belles images.
3. Jojo Rabbit
Une belle satire des misères de la Seconde Guerre mondiale, à travers le regard naïf d’un petit garçon déterminé, imaginatif, et au grand cœur. Jojo Rabbit est en réalité un éloge à la paix, l’égalité, et la liberté entre tous et chacun. Une véritable histoire d’enfant pour les grands. Un humour touchant et un peu embarrassant quand on est trop rationnel. Mais qui a su m’emporter loin, et rappeler malgré le contexte hors-norme, ce qu’être un enfant représentait.
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2. Eté 85
Une histoire honorée par sa simplicité et son unicité. C’est une belle illustration des douleurs et des beautés de l’amour pour les jeunes adultes. Sans prétention, cette union de deux jeunes hommes nous fait voyager vers des hauts et des bas, dans la plus grande pureté et pudeur d’une relation amoureuse de jeunesse. La beauté de la narration de ce véritable journal intime peut donner espoir de vivre de belles aventures avec d’autres, ainsi que d’accepter leur départ… Dans l’espoir, souvent caché mais certain, que d’autres aventures nous attendent.
1. Drunk
Drunk est, outre le propos sur la consommation d’alcool, une œuvre saisissante sur la vie et la routine que nous cherchons désespérément à fuir alors qu’elle est à nos trousses. Une belle réalisation où l’aventure prends forme d’essai philosophique et laisse réaliser que nous avons véritablement notre vie entre nos mains. C’est un film dont la morale me reviens souvent, ainsi que ces belles images, et qui me pousse à tirer le meilleur de l’instant présent.
Le top de Henri Hallosserie
10. Les Enfants du Temps
Après le raz-de marée Your Name, Makoto Shinkai nous présente Les Enfants du Temps, qui ressemble quand même un peu trop à son prédécesseur. La formule est moins efficace, bien qu’elle soulève des questions et des thématiques intéressantes et variées, allant de la clandestinité au rapport avec la religion. Cependant le film reste une perle d’animation doublé d’un très beau moment émotion, et c’est déjà très bien.
9. Color out of Space
Avec Color Out of Space Richard Stanley signe un OVNI sorti tout droit d’une autre dimension. Une série B avec un scénario étrangement cohérent et des visuels léchés en plus d’être ébouriffants ? Une des rares adaptations réussie de H.P Lovecraft au cinéma ? Des lamas mutants ? Nicolas Cage qui se donne corps et âme pour notre seul plaisir de spectateur ? Il n’est pas nécessaire d’en dire plus…
8. Blood Machines
Moyen-métrage du duo français Seth Ickerman, Blood Machines est la suite spirituelle du clip Turbo Killer de l’artiste électro Carpenter Brut, qui avait déjà bluffé par ses visuels époustouflants. Et la recette est la même ici : l’emphase est très clairement mise sur le spectaculaire. Space opéra musical (on retrouve Carpenter Brut à la bande-son) alternant entre fantastique métaphorique et contemplation cosmique, Blood Machines c’est une très grande claque visuelle et auditive. Et surtout, c’est du cinéma de genre français.
7. The Gentlemen
Guy Ritchie est de retour et ça fait du bien ! Après les débâcles que furent Aladin et Le Roi Arthur, le réalisateur britannique revient à ce qu’il sait faire de mieux : filmer une chorale de crapules sur fond de montage effréné. Si on pouvait craindre qu’il n’ait plus rien de surprenant à faire sur ce thème, dans les faits The Gentlemen rassure. Le film est impeccablement fluide, McConaughey s’y amuse beaucoup, et l’idée d’une narration méta est efficacement mise en œuvre. Un réussite plus dans la lignée de Man From U.N.C.L.E que d’Aladin.
6. Waves
Si l’exercice du coming-of-age movie est un rouage un petit peu sur-utilisé dans le cinéma indépendant américain à la Sundance, force est de constater que quand c’est bien fait, c’est bien fait. Et Waves, c’est très bien fait. Passé certains gimmicks attendus, comme celui de se retrouver dans l’iPod d’un adolescent né au début des années 2000, le film propose une réflexion pertinente sur sa génération, servie par une mise en scène vibrante et raffinée. Le meilleur film générationnel des dernières années, et l’héritier légitime de Garden State. Désolé The King of Staten Island.
5. Les Sept de Chicago
Aaron Sorkin, scénariste génial du Social Network de David Fincher, nous livre ici le dernier né de la grande tradition des « films judiciaires américains ». Sorkin, qui s’est notamment illustré tout au long de sa carrière par ses tornades de dialogues cérébraux où les traits d’humour se mélangent harmonieusement à une subtile exposition, réitère l’exploit : le film est extrêmement bien écrit. Le casting 5 étoiles est irréprochable, du truculent Sacha Baron-Cohen au très sous-estimé Mark Rylance, la mise en scène, bien qu’assez formelle, est rehaussée par un découpage inventif et un montage espiègle. C’est bien simple, tout sonne juste, ce qui est un comble pour un scandale judiciaire. JFK d’Oliver Stone a trouvé sa suite spirituelle.
4. Dark Waters
Scandale politique encore, mais bien plus récent cette fois, Dark Waters est la bonne surprise de ce début d’année. En effet, on était en droit de craindre qu’il ne soit pas bien original, les biopics/thrillers/scandales étant légion et le synopsis du film à base d’empoisonnement des vaches d’un fermier perdu dans le fin fond de la campagne américaine n’étant pas l’invitation la plus glorieuse à nous plonger dans un univers filmique. Mais à mesure que le film déploie ses péripéties, on s’y retrouve happés, piégés dans cette histoire sombre aux visuels élégants. Nous rendant prisonniers d’un formalisme millimétré, à l’instar du personnage de Mark Ruffalo (qui nous livre une prestation très convaincante d’ailleurs), Dark Waters est un film hautement immersif, aux finitions impeccables.
3. Adieu les cons
Adieu les cons est un nouveau témoin de la créativité comme de la profonde poésie de son créateur. Renouant avec la thématique anti-système chère à Dupontel, le film est une montagne russe d’émotions, alternant les moments de comédies disséminés sur une grande toile sombre d’aliénation de l’individu, ce qui le rend profondément humain, car ambivalent. La mise en scène est inventive, le casting est excellent, son grand ami Terry Gilliam a dû apprécier l’hommage. Il y a eu Les Temps Modernes, il y a eu Brazil, et maintenant il y a Adieu les Cons.
2. Drunk
Si l’exercice de ne pas tomber dans un énième film sur l’hubris était périlleux, force est de constater qu’il est réussi, et d’une main de maître. Fantasque mais élégant, le film est une œuvre intelligente qui ne mord jamais la ligne de la moralisation, mais qui pour autant ne dédramatise pas la question de l’alcoolisme. Et si Mads Mikkelsen brille bien évidemment dans le premier rôle, c’est en vérité à tout le casting qu’il faudrait rendre honneur, tant cette joyeuse bande de dingues a réussi l’espace d’un instant à nous faire oublier cette terrible année.
1. Je veux juste en finir
Je veux juste en finir, grand gagnant de ce classement, ne le sera assurément pas pour tout le monde. Car le film est un joyau d’étrangeté, de non-dit, d’interprétation, un véritable test de Rorschach où le spectateur pourra très bien voir du génie comme de l’incompétence, tant son essence est nébuleuse. Charlie Kauffman nous avait pourtant prévenu avec ses productions antérieures : son but c’est l’entorse cérébrale. Et il n’a jamais autant réussi qu’avec ce tour de force à l’esthétique sublime, énorme point d’interrogation fait de condensation dans un froid hivernal, qui nous pose la question suivante : pourquoi faudrait il que les films aient un sens défini ?
Le top de Camille Sayah
10. Adieu les cons
On ne crachera pas sur la créativité et le talent de Albert Dupontel, après le magnifique Au revoir là-haut, il revient ici avec un duo gagnant composé de Virginie Efira et de lui-même. Un Bonnie & Clyde des temps modernes, soutenu par une esthétique qui n’a rien à envier aux grands films américains.
9. Dick Johnson Is Dead
Un documentaire hors norme réalisé par Kirsten Johnson qui met en scène les morts de son père âgé de 86 ans avec humour. Elle mêle brillamment des plans esthétiques, plus intimes, ainsi que sa mise en scène des diverses scènes d’accidents qui nous montre indirectement les coulisses de la cascade. Un documentaire extrêmement touchant et peu commun qui en fera un souvenir éternel.
8. Petit Pays
Réalisé par Eric Barbier sous l’œil avisé de Gaël Faye, Petit pays nous montre la vie lors du génocide rwandais à travers les yeux de Gabriel, 10 ans, fils d’un expatrié français et d’une mère rwandaise. Petit Pays aborde ici plusieurs sujets plus ou moins épineux à travers un œil innocent qui nous fait découvrir l’horreur de l’époque.
7. Effacer l’historique
Loin des clichés de la comédie française, Benoît Delépine et Gustave Kervern nous livrent un film totalement absurde mené par trois personnages en lutte contre les géants d’internet. Des sketchs rudement bien écrits et enchaînés, nullement dans la lourdeur et avec un casting au poil, ces points qui font de Effacer l’historique la comédie française de l’année.
6. Uncle Frank
Alan Ball nous propose un film touchant qui nous plonge dans les années 70 à travers la vie de Frank, professeur de littérature à New York qui vit une histoire cachée avec son compagnon Wally. Il va être contraint d’affronter ses craintes face à sa famille ignorante de sa propre vie. Sous une prestation remarquable de Paul Bettany mais aussi touchée par le personnage de Wally joué par Peter MacDissi, il est d’autant plus émouvant de voir qu’Alan Ball semble s’être inspiré de sa propre vie pour le couple qu’ils forment à l’écran.
5. Drunk
Je dois l’admettre, ma passion envers Mads Mikkelsen m’a poussée à voir et à apprécier ce film, jonglant entre la comédie et la tragédie, des rôles bien écrits et son incroyable performance. Mais il n’en va pas moins que ce film magistral réalisé par Thomas Vinterberg est une des plus grandes réussites cinématographiques en cette année 2020.
4. L’Extraordinaire Mr. Rogers
Et si le « vrai gentil » existait vraiment ? C’est un peu perplexe que Marielle Heller nous plonge dans ce film sur le personnage de Fred Rogers, animateur et producteur de télévision américain malheureusement peu connu dans l’hexagone, sous l’œil critique d’un journaliste pour le magazine Esquire chargé d’écrire un article sur lui. On y découvre un homme attachant et d’une bonté rare interprété par le fabuleux Tom Hanks. Soutenu par une réalisation qualitative, L’extraordinaire Mr.Rogers émeut tant par l’homme que par le message qu’on saura en tirer en chacun de nous même.
3. Jojo Rabbit
On en connaît des films humoristiques à tendance lourde sur Hitler et le nazisme, mais Taika Waititi nous livre une comédie noire à travers les yeux d’un jeune garçon allemand nommé Jojo. Passant de l’absurde aux larmes, Waititi mène à la baguette le long-métrage, accompagné par des plans à couper le souffle et un casting aux petits oignons.
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2. Soul
Après un Vice-Versa axé sur les émotions, Pete Docter nous livre Soul, liant musique et âme à travers le personnage de Joe Gardner, un passionné de jazz. Un film d’animation qui nous questionne grandement sur notre sens de la vie à travers les découvertes de 22 qui sera l’acolyte de Joe sur terre. Il est difficile de rester de marbre face à cette pépite que nous livre Pixar, qui saura autant nous faire rire que nous émouvoir.
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1. Kajillionaire
Amoureuse de Miranda July pour son écriture, sa folie et ses personnages déjantés mais sincèrement vrais j’ai eu peur d’être déçue par ses films, de perdre ce que je trouvais charmant dans ses livres. Mais j’ai retrouvé dans Kajillionaire la folie de Miranda July, de ses personnages absurdes et des situations soulevant des complexes bien présents. L’amour de la famille, le manque d’affection, le conditionnement, la naïveté… Tous ces complexes portés par le personnage d’Evan Rachel Wood.