Sélectionné à la dernière cérémonie des Oscars dans la catégorie « Meilleur Film D’Animation », puis récompensé quelques mois plus tard au Festival d’Annecy ( « Prix du Public » et « Prix du jury » ), Parvana, une enfance en Afghanistan est le second long-métrage d’animation réalisé par Nora Twomey. Après s’être intéressée au folklore irlandais dans Brendan et le Secret de Kells (2009), Nora Twomey dépeint cette fois-ci le traitement des femmes sous le régime des talibans, à l’aube de la Guerre d’Afghanistan. Initiatique et féministe, que vaut vraiment ce récit moraliste mis en peinture par les actes engagés d’une simple petite fille ?
En Afghanistan, sous le régime taliban, Parvana, onze ans, grandit à Kaboul ravagée par la guerre. Elle aime écouter les histoires que lui raconte son père, lecteur et écrivain public. Mais un jour, il est arrêté et la vie de Parvana bascule à jamais. Car sans être accompagnée d’un homme, on ne peut plus travailler, ramener de l’argent ni même acheter de la nourriture. Parvana décide alors de se couper les cheveux et de se travestir en garçon afin de venir en aide à sa famille. Risquant à tout moment d’être démasquée, elle reste déterminée à trouver un moyen de sauver son père. Parvana est un conte merveilleux sur l’émancipation des femmes et l’imagination face à l’oppression.
À première vue, l’oeuvre de Nora Twomey est bien loin des contes de fées qu’un parent souhaiterait raconter à son plus jeune enfant. Cependant, en dépit de certaines scènes plutôt difficiles pour les plus jeunes d’entre nous (qui sont néanmoins indispensables pour accentuer la gravité de la situation), Parvana, une enfance en Afghanistan est avant tout un récit merveilleux partagé entre la dure réalité de l’oppression masculine, et le seul refuge contre la barbarie : le rêve. En effet, par le biais d’une histoire contée tout au long du film, la jeune Parvana parvient à fuir les atrocités du monde extérieur. Ainsi, la ville de Kaboul est représentée sous un épais nuage de poussière mélangé à des couleurs ternes, contrairement au récit de Parvana modélisé par des paysages géométriques, des couleurs vives mais également par des personnages en cartons tout droit sortis d’un spectacle de marionnette. Même si quelques fois l’histoire racontée par la jeune afghane peut venir troubler l’intérêt dramatique de l’intrigue principal, la parole envoûtante de cette dernière est la plupart du temps bien introduite dans le long-métrage, ajoutant ainsi un côté poétique à une situation désastreuse où les liens familiaux sont voués à l’échec.
Visuellement parlant, Parvana, une enfance en Afghanistan est parfaitement mis en image. La finesse des coups de crayons accentue admirablement les traits de caractères des personnages tandis que la ville de Kaboul est mise en valeur tout au long du film par des plans séquences formidablement orchestrés. À cet égard, une grande partie de l’histoire est bercée par des musiques traditionnelles du Moyen-Orient, ajoutant ainsi un peu plus d’émotions et de réalisme à la situation. Partant de ce fait, il est important de noter que Nora Twomey s’amuse à jouer avec notre sensibilité en représentant à l’écran des scènes de séparations, mais également de retrouvailles afin de montrer l’importance de la famille dans un pays ébranlé par les inégalités femmes-hommes.
Dans cet ordre d’idées, Parvana, une enfance en Afghanistan est donc évidemment une grande réussite. En abordant la cruauté des mouvements islamistes du point de vue de l’innocence enfantine, Nora Twomey réalise un mélange parfait entre la beauté de l’imaginaire et le dur retour à la réalité. Ce qui en fait donc une œuvre importante pour son temps et sensibilise ainsi la jeune génération à des problèmes qui persistent si personne ne se décide à agir…