Critique de Raya et le dernier dragon

Un film de
Don Hall, Carlos López Estrada
Sortie
4 juin 2021
Diffusion
Disney+

Sorti directement sur Disney + en France, Raya et le dernier dragon est le premier long-métrage Disney (hors co-production Pixar) à délaisser nos salles de cinéma pour rejoindre l’instantanéité des plateformes de streaming. Un non-évènement ? Pas si sûr, tant les premières images laissaient entrevoir une nouvelle aventure épique portée par une héroïne indépendante et charismatique.

Initialement intitulé Dragon Empire, le projet est rapidement bouleversé par la pandémie. Aux alentours d’août 2020, le film modifie son équipe de réalisateurs pour y retrouver le duo Don Hall (Vaiana : La Légende du bout du monde) et Carlos López Estrada (Blindspotting). S’inspirant volontairement des terres d’Asie du Sud-Est pour construire son univers, Raya et le dernier dragon marque une nouvelle fois l’envie non dissimulée de Disney de venir conquérir le marché asiatique.


Humains et dragons vivaient en harmonie au royaume de Kumandra, jusqu’à ce qu’une force maléfique ne s’abatte sur le royaume. Les dragons se sacrifièrent alors pour sauver l’humanité. Lorsque cette force réapparait cinq siècles plus tard, Raya, une guerrière solitaire, se met en quête du dernier dragon pour restaurer l’harmonie sur Kumandra, désormais divisée. Commence pour elle un long voyage au cours duquel elle découvrira qu’il lui faudra bien plus qu’un dragon pour sauver le monde.

L’épée émoussée

Comme toujours chez Disney, l’animation de Raya et le dernier dragon est une indéniable réussite. Rien de surprenant venant du studio aux grandes oreilles, mais il est toujours épatant de constater évolution et progrès technique au fil des années. Après s’être intéressé à la mythologie polynésienne dans Vaiana : La Légende du bout du monde, Disney part à l’assaut de la culture asiatique, 23 ans après Mulan. Il n’est donc pas étonnant de relever de nombreux points communs entre Mulan, Vaiana et notre héroïne du jour, Raya. Indépendante, forte, courageuse, Raya s’inscrit parfaitement dans la lignée du renouveau de l’héroïsme féminin made by Disney.

Mais pourtant, en entourant sa protagoniste d’une attachante galerie de personnages secondaires, le film ne souhaite cependant jamais dépasser le simple statut de « personnages fonctions ». Inscrit dans un monde post-apocalyptique, Raya et le dernier dragon se repose effectivement sur une recette assez prévisible, s’inspirant de grands succès comme Nausicaä de la vallée du vent, ou encore Avatar, le dernier maître de l’air, pour bâtir un univers limpide et cohérent. Mais à force de multiplier les inspirations, le film perd peu à peu sa propre identité, ne sachant jamais s’assumer comme une œuvre véritablement originale. Raya et le dernier dragon ne semble jamais vraiment croire en ses enjeux de départ, le scénario oscillant constamment entre une profonde maturité et de prévisibles instants de naïveté.

Petit dragon

Avec ces inspirations à peine cachées, Raya et le dernier dragon tombe dans son propre piège et attire inexorablement la comparaison. Car bien que très sympathique, le film fait pâle figure face à ses aînés : là où Vaiana, la légende du bout du monde a parfaitement réussi à marquer son public ; Raya et le dernier dragon semble orphelin de véritables scènes puissantes ou de chansons entraînantes qui parviennent à nous suivre bien après le visionnage du film. Un visionnage qui n’est pas aidé par son mode de diffusion : l’absence de salle créant une frustration face à la beauté de certaines scènes à l’impact amoindri.

Pourtant, Raya et le dernier dragon reste tout de même appréciable, tant le film semble porté par de bonnes intentions comme nous le prouve le duo Don Hall et Carlos López Estrada en nous offrant de brillantes scènes de combat superbement mises en scène. Malgré ses évidentes faiblesses, le long-métrage ne faiblit pas dans sa mission et coche parfaitement la case du divertissement familiale et comblera assurément les plus jeunes d’entre nous.

Porté par son rythme suffisamment entraînant pour combler un jeune public et l’importance accordée aux scènes chorégraphiées, le film ne dépasse pourtant jamais le cadre du simple divertissement familial. Raya et le dernier dragon déçoit par ce manque d’ambition qui se télescope aux anciennes oeuvres du studio : il est difficile de se satisfaire d’un tel résultat quand Mickey est aux commandes.

3

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