Critique de The Defenders

The Street Avengers

Une série de
Douglas Petrie, Marco Ramirez
Sortie
18 août 2017
Diffusion
Netflix

Les rassemblements de héros sur écrans ont toujours eu matière à animer les passions ! En 2012, le premier film The Avengers avait fait événement ; un événement qui s’apprête plus ou moins à se reproduire avec Justice League bientôt en salles. Alors, introduite par deux saisons dédiées à Daredevil, une saison de Jessica Jones, une saison d’Iron Fist et une saison de Luke Cage, l’union de tous les personnages Marvel / Netflix dans une ultime série rencontre un enthousiasme non dissimulé par les fans (causée par l’excellence de certaines des séries sus-citées) et une inquiétude ostentatoire (due à la médiocrité des autres).

Alors, The Defenders, jouissive apothéose d’un long cycle de séries ou terrible déception ? C’est ce que nous allons voir tout de suite !

Un ninja aveugle. Une détective impertinente. Un ancien détenu résistant aux balles. Un milliardaire amateur de kung-fu. « Marvel’s The Defenders » suit les aventures de quatre super-héros solitaires contraints de mettre leurs problèmes personnels de côté pour combattre ensemble un groupe de criminels menaçant de détruire la ville de New York.

Le seul chemin vers la sortie, c’est ensemble !

The Defenders est une excellente série Marvel / Netflix. Dans cette série on a plaisir à retrouver les personnages pour lesquels on a déjà de la sympathie et à découvrir le prolongement de leurs histoires respectives. Au début de la saison, la série navigue entre chacun des protagonistes qui suivent des pistes qui vont les mener au même endroit, au même moment. Le rythme est rapide, le montage dynamique et le scénario clair. Pour passer d’un personnage à l’autre, on trouve de sympathiques transitions jouant sur les couleurs associées aux différents héros, leurs motifs…

D’autres idées de mises en scène sont à saluer : des plans séquences millimétrés, des travelings élégants, la photographie qui  change selon le personnage qu’on suit, mettant à l’honneur son code couleur… Les scènes d’action sont brillamment chorégraphiées et très bien filmées, capitalisant sur les super pouvoirs de chacun mais laissant toujours la part belle aux arts martiaux.

L’écriture est également efficace. Une enquête sur fond de grand complot mystique fait le lien entre les différents personnages, mais chacun apporte son lot de thématiques et d’intrigues (Luke Cage et la question sociale, Daredevil et sa double vie, Jessica Jones et la responsabilité). Et c’est sans parler du plaisir de voir tous ces héros réunis une bonne fois pour toute, échanger dans des dialogues brillamment écrits liés à leurs relations complexes et leurs caractères marqués. D’autant qu’entre les quiproquos, les dilemmes moraux, les romances compliquées et les conflits d’intérêt, les situations semblent variées et offrir nombre d’occasion d’habilement développer et confronter les personnages…

Plus vous êtes liés, plus vous êtes faibles

Mais The Defenders c’est aussi une très mauvaise série avec une écriture faible, un rythme traînant, des dialogues idiots, des personnages agaçants au possible et une réalisation incroyablement paresseuse.

Le scénario accumule les facilités outrageantes à base de prophéties floues et de pouvoirs à géométrie variable. La faiblesse du scénario, notamment le vide du plan des méchants est noyé sous un océan de mysticisme idiot qui remplit tout les vides de scénario. Cette orientation magique a aussi pour effet de faire tourner l’intrigue en grande partie autour de l’insupportable Iron Fist, agaçant et tristement vide (surtout en comparaison aux autres) médiocrement interprété par Finn Jones. Il est capricieux, indiscipliné, injustement vantard et vous allez détester voir toute la série tourner autour de lui. De plus, non contente de sa faible trame principale, la série multiplie également les sous intrigues (romances cruches et guimauve comprises) sans intérêt avec des personnages secondaires médiocres (Misty Knight, Karen Page, etc…) qui ajoutent de la confusion mais surtout minent le rythme

Car c’est un autre gros problème de The Defenders : le rythme est affreusement instable. Parfois l’action file à mille à l’heure, les péripéties se multiplient, de même que les retournements de situation. Et alors qu’on est bien accroché, la série freine des quatre fers et enchaîne sur un épisode entier de discussions assommantes entre des personnages assis face à face qui parlent lentement de prophéties floues ou devisent sur de grands principes dans des dialogues dépourvus de naturel et de vraisemblance.

Il y a aussi de grosses inégalités dans les scènes d’action, certaines étant particulièrement stylisées et efficaces et d’autres, sans raisons, filmées en gros plan, montées à la truelle, à peine éclairées et accompagnées de musiques improbables qui nous sortent complètement de l’action. Et l’inégalité de la réalisation ne se cantonne pas qu’aux combats. L’éclairage abandonne complètement ses couleurs chargées pour se cantonner à des teintes grises désincarnées et forcer sur l’obscurité quitte à sacrifier la lisibilité de certaines scènes.

Viennent s’ajouter à la liste des inconvénients des antagonistes toujours aussi peu captivants, Sigourney Weaver complètement détachée qui livre une performance incroyablement décevante et ce malgré la dimension dramatique de son personnage (et ses talents certains qu’elle déployait encore il y a peu dans Quelques Minutes Après Minuit), des effets spéciaux souvent douteux, une conclusion idiote, une bande-son complètement oubliable, et une identité New-Yorkaise, jusque-là un gros point fort des série Marvel / Netflix qui se perd sous le flux de mysticisme nanardesque.

The Defenders, c’est littéralement deux séries en une. C’est un tout globalement ennuyeux et décevant avec des pointes de génie jouissives au possible. La différence n’a définitivement pas fait la force puisque The Defenders, tiraillé entre ses personnages et ses thématiques fortes mais multiples ne sait pas faire un choix, tente de mener toute les batailles de front et échoue à se doter de sa propre identité. Faisant le funambule entre l’excitation et l’ennui pendant 8 épisodes, on ne saura dire, à la fin, si on a apprécié la série ou si on se l’est infligée et on ne saurait donc dire si c’est un bien ou un mal…

3

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